Révélation RIFFX : Qui es-tu Malick Dia ?

Lauréat du tremplin RIFFX Radio France, le chanteur-guitariste Malick Dia s’est produit avec son groupe Boolumbal à l’intérieur du mythique Studio 104 pour la rentrée de Radio France. Suite à son passage, RIFFX a souhaité en savoir plus sur cet artiste originaire de Kaédi, en Mauritanie. A découvrir sur scène, son album Fuuta Blues – initié par sa rencontre avec Nicolas Lebault – est empreint de rythmes et de poésie, riche en instruments (guitares, balafon, kora, flûte peul, contrebasse, piano électrique, guembri, nianiorou, houdou, violon…) et en invités (Baba Galle Kanté, Makan Tounkara, Yohan Rochetta, Mohammed Cissoko, Jerry Lipkins…). Une incroyable palette de couleurs et de sons, à l’image de ce talent chaleureux. Rencontre.

Bonjour Malick. Avant d’arriver en France en 2002, tu as eu une première expérience musicale dans les années 90 sur le continent africain : notamment en Mauritanie et en Afrique de l’Ouest.

L’expérience musicale remonte plus loin dans le temps, quand je regarde d’où je viens et que je retrace ce parcours melting-pot qui est le mien. Il s’agit aussi de rencontres qui se cultivent. L’Afrique de l’Ouest est un immense champ de cultures : le Fuuta, mon pays, la terre natale, que nous chantons avec nostalgie et amour… C’est un carrefour culturel, un creuset de brassage de cette plus grande Afrique-mère.

C’est donc dans ce contexte que tu as commencé à faire de la musique ?

Le rendez- vous avec la musique n’était pas du tout évident, compte tenu de mon origine sociale. D’extraction « Tooroodo », je n’étais pas destiné à ce genre de vocation. Dans les années 90, en Mauritanie, il y a eu une révolution culturelle et des revendications politiques de la part des communautés discriminées comme les « Haalpulaar », dont je fais partie. J’ai eu la chance d’appartenir à une génération qui, très tôt, s’est insurgée aux cotés des minorités opprimées, et a essayé d’apporter sa part d’engagement à une lutte de « libération » que nos ainés portaient. Ces années ont été dures, faites de privations, de prison et de répressions aveugles qui iront jusqu’aux dramatiques évènements pendant les années de braises, pour la communauté noire. Malgré les difficultés, ces années ont influencé ma musique et construit ma personnalité artistique. L’engagement et la volonté d’aller au bout de mes rêves et de nobles convictions.

En concert, tu es accompagné de plusieurs musiciens avec lesquels tu formes le groupe Boolumbal. C’est comme une grande famille ?

Oui, sur scène nous sommes un certain nombre de musiciens, dont la trajectoire de vie a fait se croiser le chemin, pour se rencontrer autour d’une musique qui fait sens avec nos convictions… Nous formons une grande famille. Et, cela fait notre force, la famille. Un proverbe de chez nous dit bien qu’une seule main ne saurait applaudir.

Boolumbal signifie « L’oiseau du fleuve », pourquoi ce nom ?

Aujourd’hui, nous sommes plus proches des bords de Seine mais nous avons presque tous en commun cet héritage culturel, musical, né des rives du Sénégal. Dans cette contrée de l’Afrique, le « boolumbal » est perçu comme un oiseau de bon augure pour les peuples de la vallée du fleuve Sénégal. C’est pourquoi nous avons choisi ce symbole qui parle au peuple, nous faisant son porte-voix ou plutôt son messager qui, du haut de la branche, avertit ou alerte. Messager de joie, nous chantons aussi l’espoir d’un monde meilleur. N’est-ce pas là un noble idéal ? C’est un peu cela l’esprit de Boolumbal.

Comment décrirais-tu votre musique ?

Nous percevons la musique que nous jouons comme le résultat d’un métissage qui se construit au gré des rencontres et qui puise, autant qu’il peut, son authenticité dans les traditions subsahariennes et mandingues. Nous mettons en avant une démarche presque scientifique, de recherches, sur notre fond traditionnel inépuisable tout en s’ouvrant sur la culture de l’autre. C’est un mix entre tradition et modernité. Cette musique nous ramène aux liens des filiations séculaires qui unissent les musiques traditionnelles d’Afrique de l’Ouest avec le blues, le folk et le jazz.

L’album Fuuta Blues est né de ta rencontre avec Nicolas Lebault.

Cette rencontre avec Nicolas a été pour nous un moment catalyseur. Les projets étaient dans les valises, la rencontre a été l’étincelle. Cet album est un exemple vivant de belles rencontres.

Grâce à RIFFX, tu as eu la chance de jouer lors de la rentrée de Radio France dans le mythique Studio 104 à Paris. On a beaucoup aimé !

Je profite de l’occasion pour remercier RIFFX qui a été à la hauteur de son accompagnement et, à toutes ces femmes et tous ces hommes de par le monde qui nous ont suivi et soutenu.

Avec Boolumbal, avez-vous un rituel avant de monter sur scène ?

Nous n’avons pas de rituel particulier, cependant nous avons toujours une pensée profonde pour notre Fuuta mère, pour la paix !

Comment as-tu connu RIFFX ?

J’ai connu RIFFX à travers les réseaux sociaux.

C’est quoi la suite pour Malick Dia et Boolumbal ?

La suite ? Nous visons la lune : porter notre musique par-delà les frontières, avec elle, faire tomber les murs, pour un monde plus fraternel et beau, plus musique. Comme dans toute belle aventure, c’est aller plus loin !