Leonard Cohen, retour aux sources

Alors que Leonard Cohen vient de fêter son 80e anniversaire en publiant un treizième album studio très digne, Popular Problems, retour sur ses débuts discographiques en 1967, avec le sublime et intouchable « Songs of Leonard Cohen ».

C’est un classique, une référence incontournable dans l’histoire du folk, avec des titres emblématiques comme Suzanne, Sisters of Mercy ou So Long, Marianne. Pourtant, si Songs Of Leonard Cohen marque les débuts du Canadien en tant que chanteur, il n’est pas l’œuvre d’un débutant. Leonard Cohen a déjà 33 ans quand il enregistre ces chansons à l’été 1967, et déjà une certaine notoriété en tant qu’écrivain. Avec des recueils de poésie (le premier est publié dès 1956 tandis qu’il est encore étudiant) mais aussi des romans (The Favorite Game en 1963 et Beautiful Losers en 1966). Il a déjà vécu beaucoup de choses, à Londres où il termine ses études, ou en Grèce – sur l’île d’Hydra – où il partage sa vie avec une communauté d’artistes anglo-saxons au début des années 1960.

Suzanne

Sa carrière d’auteur compositeur folk débute au milieu des années 1960, quand il s’installe aux États-Unis, à New York. Il engage un agent qui lui présente Judy Collins, chanteuse de folk à l’aura croissante sur la scène de Greenwich Village. C’est elle qui interprète Suzanne en 1966 et en fait un immense succès. La chanson est écrite par Leonard Cohen mais il n’en donnera sa propre version qu’un an plus tard, sur ce fameux premier album qui voit le jour grâce au mythique producteur John H. Hammond (découvreur de Bob Dylan, notamment) qui lui ouvre les portes de la maison de disques Columbia Records.

Leonard Cohen and Judy Collins – Suzanne

Recherche d’un équilibre

Suzanne est la chanson qui ouvre Songs Of Leonard Cohen. C’est un classique absolu mais aussi l’un des titres à l’origine d’une mésentente entre Cohen et le réalisateur de l’album, John Simon. Ce dernier a, par endroits, imposé des arrangements là où le Canadien souhaitait un disque plus épuré. Certaines orchestrations ont pu être effacées des bandes, d’autres pas : des violons pour Suzanne, des cordes et des vents pour Master Song, ce sont ces versions qui resteront dans l’Histoire. Mais l’essentiel, ce sont ces chansons sublimes qui tiennent debout seules, en équilibre parfait entre mélodies simples et textes d’une grande profondeur. Le début d’une odyssée magnifique.

Vincent Théval