Le cinéma de Serge Gainsbourg

Un coffret réunit l’essentiel des compositions de Serge Gainsbourg pour le cinéma. Enregistrées entre 1959 et 1990, elles offrent un parfait condensé des évolutions et obsessions musicales de l’auteur compositeur.

Au fil de sa riche carrière, Serge Gainsbourg a beaucoup flirté avec le cinéma : comme acteur et réalisateur mais surtout comme compositeur. Une activité dont on ignore parfois l’étendue et l’importance, qui s’est déployée sur trente ans, embrassant les différents styles auxquels le génie de la chanson française s’est intéressé. La réédition du coffret Le Cinéma de Serge Gainsbourg, enrichi pour l’occasion de matériel rare et inédit, donne un éclairage passionnant sur ce parcours.

Le cinéma comme tremplin
Quand il paraît en 1958, le premier album de Serge Gainsbourg ne reçoit qu’un succès d’estime, qui laisse l’auteur compositeur déçu et malheureux. Dès l’année suivante, les premières commandes de bandes originales pour le cinéma sont une bonne occasion, espère-t-il, de gagner une popularité qui pourrait bénéficier à ses futurs albums. Son premier film en tant que compositeur pour le cinéma est L’eau à la bouche (1959) de Jacques Doniol-Valcroze. Il s’y montre fidèle à son style du moment, aux tonalités très jazz, sur des titres composés avec Alain Goraguer.

Expérimentations musicales
Tandis que les années 1960 apportent à Gainsbourg la reconnaissance et le succès mérités, son mode de travail pour le cinéma ne change pas : les bandes originales sont un terrain d’exploration et d’expérimentations mélodiques et orchestrales. Il y est associé aux mêmes compositeurs et arrangeurs que sur ses albums (Michel Colombier ou Jean-Claude Vannier, notamment) et teste des idées qu’il réutilisera par la suite. Par exemple, l’un des thèmes qu’il imagine en 1966 pour Les cœurs verts, film d’Edouard Luntz, deviendra plus tard l’un de ses plus grands tubes : Je t’aime moi non plus.

Gainsbourg et ses interprètes
Du jazz à la pop en passant par le reggae et des œuvres plus orchestrales, la variété des styles abordés est réjouissante. Il y a sur ce coffret beaucoup de titres instrumentaux mais aussi énormément de chansons, interprétées par Gainsbourg lui-même, par des chanteuses comme Juliette Gréco, Nico ou bien évidemment Jane Birkin, mais aussi par des acteurs comme Jean-Claude Brialy ou Catherine Deneuve. Un voyage passionnant entre le quatrième et le septième art.

Vincent Théval

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