Joan Baez : Here’s To You, chant humaniste

Alors que Joan Baez a donné une série de concerts à guichets fermés à l’Olympia en octobre dernier, retour sur l’une de ses chansons les plus célèbres, Here’s To You, qui accompagna, aux Etats-Unis, les luttes pour les droits civiques dans les années 1970 et symbolise aujourd’hui un certain engagement humaniste.

C’est une icône des années 1960, une partisane fervente du renouveau du folk américain. On lui doit des chansons merveilleuses mais aussi des reprises fameuses, où sa voix cristalline redessine les mots des autres. On lui doit également d’avoir fait découvrir Bob Dylan au grand public. Joan Baez est aussi une artiste qui a conduit une génération entière sur les chemins d’un engagement politique et humaniste. Par ses chansons et ses actions, elle s’est engagée, dès le milieu des années 1960, dans les luttes pour les droits civiques aux États-Unis (contre la ségrégation raciale) puis contre la guerre du Viêt-Nam. En 1969, son mari, l’activiste David Harris, est emprisonné pour non présentation au service militaire. Forte de cette aura, Joan Baez connaît en 1971 un succès international avec Here’s To You, qui reste aujourd’hui l’une des ses chansons les plus célèbres.

Joae Baez, la meilleure des avocates

Elle n’en est toutefois pas la compositrice : c’est Ennio Morricone qui a imaginé cette phrase mélodique répétée en boucle, pour le film Sacco et Vanzetti (1971) de Giuliano Montaldo. Le film raconte l’histoire vraie de ces deux anarchistes italiens injustement condamnés et exécutés en 1927 aux États-Unis. C’est le réalisateur qui a souhaité que Joan Baez interprète quelques chansons du film, dont Morricone signe la musique. À l’été 1970, ce dernier se rend – depuis Rome – en voiture à St Tropez où l’Américaine est en vacances. Elle écrit les paroles de Here’s To You en s’inspirant des mots de Bartolomeo Vanzetti au juge, lors du procès : « Ce dernier moment est le vôtre. Cette agonie est notre triomphe ». Par ce scandale judiciaire, la cause défendue par les deux anarchistes connaît un écho immense, qui donne du sens à leur mort. L’enregistrement de la chanson a lieu le 15 août 1970 à Rome, assez rapidement et sans l’orchestre que l’on entend sur le disque. Les différentes prises seront associées plus tard.

La chanson connaît dès sa sortie un retentissement très important, notamment aux États-Unis, où elle accompagne le mouvement pour les droits civiques pendant les années 1970. C’est une chanson de résistance et d’espoir, dont la portée émeut toujours aujourd’hui.

Vincent Théval

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Joan Baez – Here’s to you, Nicola and Bart

Crédit Photo : © Frédéric Legrand