Invitée RIFFX : Jeanne Collin, directrice des castings Prodiges

Directrice des castings chez Endemolshine, Jeanne Collin a vécu plusieurs vies passionnantes à travers les émissions pour lesquelles cette professionnelle de la télévision a auditionné des centaines de candidats potentiels. Aujourd’hui, elle revient sur son parcours spectaculaire et nous raconte les coulisses des castings de Prodiges. Inscrivez-vous pour l’édition 2021 jusqu’à mi-avril !

Bonjour Jeanne Collin. Être à la tête des castings, c’est un métier qui peut faire rêver. En quoi cela consiste concrètement ?

Il n’y a pas d’écoles pour devenir directeur ou directrice de casting, c’est arrivé un peu par hasard. A la fin de mes études, j’ai démarré avec un stage, la vie a fait que j’ai continué dans cette voie-là parce que ça regroupait plusieurs choses qui m’intéressaient. Pour exercer ce métier, il faut aimer les gens et être curieux parce qu’on touche à des domaines divers et variés, en fonction des émissions. J’ai appris sur la culture, la musique classique, les Lego, la cuisine, le chant, l’acrobatie… Quand une émission démarre, il faut bien connaître et travailler avec le rédacteur en chef et tous les gens qui font l’émission, ainsi cela permet d’identifier – en fonction de s’il s’agit d’un jeu, d’un divertissement… – quelles personnes sont les plus susceptibles de participer. Ces personnes partent soit d’un point commun comme une qualité artistique, ou parfois sur certaines émissions il n’y a pas d’attentes particulières excepté le fait de vouloir vivre une aventure un peu exceptionnelle. Mon métier consiste donc à aller chercher ces gens qui ont envie de participer.

Revenons maintenant sur votre parcours professionnel.

J’ai fait un bac L, ensuite j’ai étudié à l’université d’Angers afin d’obtenir un DEUG de médiation culturelle et communication. J’ai fini par faire mes deux dernières années à l’EFAP (Ecole des nouveaux métiers de la communication) à Paris. Au départ je bossais un peu sur tout. A la sortie de mes études, j’ai fait un stage pour l’émission L’île de la tentation, c’était la saison 2 ou la 3, et puis de fil en aiguilles, on m’a proposé du travail dans cette branche-là de castings. Intermittente à l’époque, j’ai enchaîné plein d’émissions différentes dans plusieurs boîtes de production. Il y a une bascule au moment où je fais L’amour est dans le pré, les quatre premières saisons, en tant que responsable de casting. C’était super car c’était une autre façon de caster. Après j’enchaîne à nouveau, jusqu’à la proposition d’aller chez Shine pour l’émission MasterChef, puis après The Voice, c’est là que je suis passé en CDI, au poste de directrice des castings, dans le groupe Endemolshine.

Quelles expériences vous ont le plus marquée ?

Toutes les expériences ont été enrichissantes mais j’avoue que faire L’amour est dans le pré, c’était extraordinaire, car j’ai appris plein de choses et fait des super rencontres. Notre métier était important ici, car il fallait faire le lien entre ces gens qui ont besoin de rencontrer quelqu’un, qui nous font confiance et qui ne connaissent pas le milieu de la télé. Faire le pont entre ce milieu et ce qu’ils sont, c’était intéressant. Prodiges c’est un peu pareil au final, la musique classique et la télé ne font pas forcément le meilleur ménage. Et pour nous justement, le but est de faire la jonction de tout ça. Je suis passionnée de cuisine, alors j’ai adoré les aventures MasterChef. The Voice, c’était super aussi, c’est une grosse machine donc c’est différent.

Dans Prodiges, par quels biais découvrez-vous les jeunes talents qui participent ensuite à l’émission ?

Le métier a évolué au fil des années. On doit trouver des jeunes gens passionnés de musique classique, de danse classique et de chant lyrique. On apprend beaucoup de choses, par exemple que les danseuses ne font pas de pointes avant leurs 11 ans ou que le chant lyrique peut être compliqué car il faut faire attention à la transformation de voix avec l’âge, surtout chez les jeunes hommes. On s’adresse aux conservatoires, aujourd’hui on a accumulé beaucoup de contacts. Il y a aussi les concours, les associations… Et bien sûr les réseaux sociaux, avant on allait sur Facebook mais depuis trois ans c’est sur Instagram que cela se passe : on y trouve des jeunes passionnés, qui partagent, des amis d’amis etc. Les vidéos YouTube aussi, des petites informations qui passent dans la presse en région… On aborde tous les champs possibles. Et puis évidemment, il y a les inscriptions d’enfants, qui regardent Prodiges depuis un certain nombre d’années, qui veulent tenter leur chance. Les professeurs nous aident aussi beaucoup.

Quels sont les critères indispensables pour être le candidat idéal de Prodiges ?

Il faut que ce soit des enfants passionnés, qu’on sente qu’ils vivent la musique et qu’ils aient envie de monter sur scène. Côté parents, il faut qu’ils soient là en soutien et pas en insistance, parce que c’est l’enfant qui est devant. Il faut qu’il y ait de l’émotion, qu’il y ait ce petit truc. Après on juge aussi la technique mais bien sûr on prend en compte leur âge. Le plus important est de trouver un enfant passionné qui a envie de partager sa musique.

Quels conseils donneriez-vous aux artistes en herbe, âgés entre 6 et 16 ans, qui rêvent de participer à Prodiges ?

Je leur dirais de ne pas se mettre de barrières, souvent ils pensent ne pas être « capable de », pourtant il faut croire en soi. Nous sommes là pour bien les entourer, bien les encadrer et bien les préparer. Il faut se dire que c’est l’occasion de pouvoir jouer avec un orchestre – souvent national – et que c’est plutôt un chouette moment. Je leur dirais qu’il faut continuer de travailler : si la première fois c’est pas passé, il faut revenir et persévérer. En général, comme c’est leur passion, ça ne pose pas de problème. On a vu beaucoup d’enfants évoluer et c’est là que ça devient une évidence. Plusieurs « prodiges » se sont présentés plusieurs fois avant d’être sélectionnés, certains ont même gagné comme Roxane. Il ne faut pas hésiter à postuler et prendre ça comme un bon moment, on n’est pas un concours académique. On est là pour faire découvrir la musique classique par le biais de ces jeunes talents.

Quels sont vos meilleurs souvenirs depuis les débuts de l’émission ?

Quand on a fait le Grand Concert à Lille, ça c’était dingue. C’était beau, c’était magique, on était transportés dans un moment assez incroyable à vivre. Il fait partie de mes souvenirs marquants. Chaque année, il y a un moment que j’aime beaucoup : celui des répétitions de l’ouverture avec tous les candidats en tenue, sur scène, ils sont prêts. Tout le monde se connait un peu mieux, la musique part et les enfants entrent… ça me fait toujours un petit quelque chose. Je me dis toujours qu’ils sont beaux et qu’ils sont heureux. Il y a plusieurs petits moments de grâce où on se dit qu’on aime faire ce métier-là.

Et les talents qui vous ont le plus marquée ?

J’avais versé une grosse larme devant Maxime qui avait interprété La liste de Schindler de John Williams au violoncelle. C’est toujours beaucoup d’émotions sur ces petites personnes, j’ai toujours été bluffée. On adore trouver des instruments un peu différents chaque année. Par exemple, lors de la saison 4, Florian qui jouait du cor c’était super. Ca faisait plusieurs saisons qu’on voulait cet instrument, c’était hyper bien, dansant et musical. J’ai adoré aussi Carl-Philip à la harpe, il était touchant et plein de sincérité. Il y avait aussi la petite Lynn, quand ils sont tous petits et que leur instrument est plus grand, c’est toujours mignon, et pourtant ils sont habités par la musique. Melvin qui dansait aussi, c’était extraordinaire, avec toute l’histoire derrière, il volait dans les airs… J’associe plein de musiques à ces enfants qui les ont interprétées à leur manière. Je ne m’en lasse pas.

Le mot de la fin : comment s’inscrire à l’édition 2021 de Prodiges ?

Vous pouvez vous rendre sur le site de France 2, à la page Prodiges, ou tout simplement en écrivant à l’adresse casting@prodiges2021.fr. En général, on envoie ses coordonnées, nom et prénom, la catégorie dans laquelle on se présente (chant, danse, instrument), avec quelques petites vidéos. Vous pouvez aussi nous poser vos questions, on vous recontacte pour savoir ce qu’il en est.