Collectif 13 : Vivants !

Si le chiffre 13 n’a pas bonne presse – à part certains vendredis – le Collectif 13 devrait, lui, rallier tous les suffrages. Treize musiciens indépendants ont décidé de se réunir le temps d’un album, « Collectif 13 », et d’une tournée. Guizmo (Tryo), Gérôme Briard et Erwann Cornec (Le pied de la pompe), Gari (Massilia Sound System), Mourad et Zeitoun (La rue Ketanou), Fred Mariolle (No one is innocent), Max Raguin (Le p’tit son) et DJ Ordoeuvre (Vice-champion du monde DMC) brassent chanson française, rock, reggae et électro avec, comme ligne directrice, la fête et, en arrière fond, une certaine image de la France métissée ouverte et solidaire. Interview avant un concert explosif dans la banlieue parisienne.

Quel est le concept du collectif 13 ?
Guizmo : L’idée est née en 2011 avec Jérôme du groupe Les Pieds de la pompe qui nous avait invités lors d’une série de concerts. Nous mélangions nos chansons et cela fonctionnait bien. On a donc renouvelé l’expérience en 2012 sous le nom de Collectif on y pense. Un an plus tard, nous avons rencontré les Massilia et Gari. Dans la foulée on a lancé un appel aux amis de La Rue Kétanou pour écrire des chansons originales. De fil en aiguille, on s’est retrouvé à 13, d’où le nom Collectif 13.

Quelle définition donnez-vous au terme collectif ?
Gari : Ce n’est pas innocent de se rassembler aujourd’hui en France avec nos différences, en restant nous-mêmes et en décidant de faire un bout de chemin ensemble. Pour nous, cela reste du plaisir car nous sommes vraiment amis depuis de longues années. Mais derrière cela, il y a une vraie lecture et un vrai message : on ne se ressemble pas mais on peut vivre ensemble. Il y a de la Bretagne, du Marseille, de l’Algérie et la chanson française qui nous réunit tous. Il y a une vraie volonté de se confronter.
Guizmo : Nous avons composé les chansons mais, avant tout, nous avons pensé à la scène en voulant apporter un truc festif. C’est aussi un point commun que nous avons dans nos tribus respectives : cette envie de partager en festoyant ! Il est important de casser les communautarismes en brassant nos univers, nos régions et nos parcours. Politiquement, l’image est belle, je trouve que « Collectif », ça pète bien en ce moment !
Gari : Ce « lâcher prise » de deux heures est d’utilité publique ! On le voit bien dans les retours du public. On a besoin de ça. Ça nous permet d’oublier le quotidien.

Quelle est la chose la plus compliquée à mettre en œuvre quand on est 13 musiciens ?
Jérôme : La cuisine ! Entre les Bretons et leurs crêpes saucisse à 10h30 et l’aïoli des Marseillais, ce n’est pas simple. Une fois que tu as réglé le problème des crêpes à l’aïoli, tu te mets à écrire les chansons et là le problème c’est… encore la cuisine ! La chanson c’est aussi de la cuisine. Je centralisais les textes, je réarrangeais un peu tout ça et je trouvais aussi les nouveaux artistes désireux de nous rejoindre.

Concrètement, comment écrit-on une chanson quand on est aux quatre coins de la France ?
Jérôme : Le point de départ c’est le refrain. Le but c’est de l’agrémenter avec des couplets. Voilà pourquoi, il n’y a pas vraiment de titres avec un début, un milieu et une fin. On a travaillé un peu comme dans le rap quand plusieurs MC collaborent. On est proche du cadavre exquis et ça donne une certaine patine aux chansons.

Vous faites partie d’une scène indépendante française qui cartonne sans les médias. L’idée de ce collectif était-il de se mettre en danger et de recommencer tout à zéro ?
Mourad : On le fait constamment en fait. Hier j’ai joué dans la rue à Toulon après une pièce de théâtre monté par des amis. L’idée c’est aussi de se voir plus, car on se croise tout le temps sur les routes mais on ne prend pas le temps de se poser et d’échanger. Je le répète, on a tous l’habitude de faire des choses hors-sentier ! On a tous en nous ces déviances. Nous sommes des artisans de la musique, on est carrément éloigné du show business mais nous avons la chance de rencontrer les vrais gens et cela n’a pas de prix ! Cela nous permet aussi d’apprendre les uns des autres car il faut toujours se remettre en question. C’est de l’artisanat mais nous sommes des professionnels, nous savons voyager, nous avons fait un beau disque et le spectacle tient la route. Derrière la rigolade, il y a beaucoup de boulot et nous sommes fiers du résultat !

Willy Richert