Chasing Yesterday. Noel Gallagher rattrape le temps perdu

Noel Gallagher continue sa route avec ses High Flying Birds et son second album solo le dote même d’une fonction supplémentaire puisqu’il est devenu son propre réalisateur. « Chasing Yesterday »suit de quatre années son prédécesseur et le surpasse en intérêt par quelques surprises essaimées au long des dix titres qu’il propose. Cependant la brit-pop-rock du songwriter demeure largement reconnaissable et la révolution complète de l’enfant terrible désormais assagi n’est pas encore pour aujourd’hui.

On le sait, c’est après une ultime dispute mémorable et l’annulation du concert de Rock en Seine en 2009, que le glas d’Oasis avait sonné. Par la suite on aurait pu craindre la traversée du désert. Mais, des deux frères Gallagher, Noel est celui qui s’en sort certainement le mieux. Et pour cause : il n’en était pas uniquement le guitariste mais également le compositeur, signant la presque totalité des énormes tubes du groupe. Alors que son sulfureux frère Liam annonce la fin de sa nouvelle formation Beady Eye, Noel poursuit tranquillement son bonhomme de chemin en sortant son deuxième album solo, « Chasing Yesterday ». Alors bien sûr son chant n’a pas l’énorme charme éraillé de son cadet, mais il n’a largement pas à rougir de sa voix qui sait se révéler puissante. Et ce n’est certainement pas l’écriture des chansons qui le met à défaut, bien au contraire.

Noel Gallagher, le songwriter

À croire que les mélodies lui coulent en cascade des doigts. Fidèle à ses structures et ses recettes qui poussent les guitares dans les pré-refrains, les laissent exploser ensuite, fabriquent les tempos entêtants et les odeurs de hits de stade, il aligne dix plages (14 pour l’édition de luxe) de bonne tenue. Un rock classique toujours influencé par les années 1960 et 70 mais doté du son des années 1990. Quelque chose venu du siècle dernier, donc, mais qui a gagné en finesse par rapport à son premier disque solo. C’est moins tape-à-l’œil, plus mûr. Et puis il y a ces quelques moments pépites qui surprennent et dessinent peut-être une nouvelle voie, ces quelques notes de saxophones sur deux morceaux, les sillons de folk qui se dessinent sur deux autres… Noel marche parfois légèrement à côté de ses fondamentaux originels et ce n’est pas pour déplaire. En preuve, le sensible The Right Stuff, chanson certainement la plus éloignée de sa zone de confort, bijou aux légères pointes de basse jazz-funk et aux notes de piano éthérées. Une réussite parfaite qui émerge avec délicatesse.

Noel aux commandes

Compositeur, chanteur, musicien, mais également réalisateur aujourd’hui puisque l’aîné Gallagher a décidé d’endosser cette fois ce rôle supplémentaire. Un choix qui lui a certainement conféré une liberté certaine et qui – il l’avoue – lui a permis une spontanéité plus grande. Trois prises de voix par titre, pas une de plus, c’est le postulat qu’il s’était posé allant à l’encontre des centaines de fois où il devait reprendre lorsqu’un autre le dirigeait. Il se dit peu perfectionniste mais on a du mal à le croire. Il se clame plutôt doué. Là en revanche on le savait depuis presque deux décennies grâce à feu Oasis.

Si le titre de son nouvel album fleure la nostalgie, c’est du côté des textes de Noel Gallagher qu’il faut la chercher. Parce que pour le reste l’artiste semble plutôt à la poursuite de ce qui reste encore à faire dans le futur. Fort de son succès après le premier disque du chemin loin de son frère, il est fort possible qu’il nous ouvre quelques portes plus étonnantes par la suite. Vivement demain.

Marjorie Risacher

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Noel Gallagher’s High Flying Birds – Ballad Of The Mighty I

Crédit Photo : © Lawrence Watson

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