Beirut : No No No

Beirut c’est essentiellement Zach Condon, jeune génie originaire du Nouveau-Mexique, dont l’influence des mariachis et des Balkans s’était largement imprégnée sur les trois premiers albums. Réinventant à lui seul la folk-pop indé américaine, cet étonnant voyageur musical a toujours eu la mélancolie lumineuse et l’inspiration torturée. Après un sévère burn-out, une hospitalisation et un divorce, Condon avait disparu des radars sonores et s’était réfugié à Istanbul pour remettre sa vie d’aplomb. Un bain turc qui lui a visiblement profité puisque, tel un phénix qui renait de ses cendres, Beirut revient avec un « No No No » plus éclairé que jamais. La mixité est toujours de mise dans une fanfare brinquebalante mélangeant quelques cuivres à un piano bastringue classe, un ukulele sautillant à des percussions africaines ou des cordes rugueuses.
Fait de petites mélodies qui n’ont pas l’air d’y toucher, « No No No » avance d’un pas sensuel ou pétillant selon le titre, et s’immisce en goutte à goutte jusqu’à la dépendance. Alors certes, cette fois les Balkans et les Tziganes sont loin puisque c’est une pop indolente et bancale qui illumine les tourments de l’Américain. Sous une apparente simplicité tout est dit, jusqu’à cet intermède musical en milieu de disque (As Needed) qui semble rêver de contemplation tranquille après la pluie, ou cet émouvant So Allowed final qui se permet à peine une larme en délicatesse. Autant de peines pour faire naître tant de soleil, que Zach Condon nous pardonne, mais pour nous c’est trois fois oui.

Marjorie Risacher

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Beirut – No No No

Crédit Photo : © Drew Reynolds