Almost Musique, le dynamisme des indépendants

Créé il y a cinq ans, Almost Musique est à la fois un label, un éditeur, une maison de promotion et un formidable révélateur de talents cachés. On lui doit le succès français d’Ane Brun, la redécouverte de Luzmila Carpio et la découverte de nombreux artistes souterrains. Sa réussite prouve que le changement d’échelle et l’inventivité sont deux bonnes solutions pour dépasser la « crise du disque ». Rencontre avec Benjamin Caschera, l’un de ses deux fondateurs.

Quelles sont les activités d’Almost Musique ?

On veut être « vecteurs du bon », c’est une expression qui est arrivée très rapidement, ce qui veut dire d’abord : bien se comporter avec les artistes, ne pas leur faire miroiter n’importe quoi. L’idée est de travailler avec des groupes que l’on aime et de faire ce dont ils ont besoin. Dès le début, on voulait être « horizontaux » : à l’origine, je suis attaché de presse ; quant à mon associé (ndlr : Benjamin Fain-Robert), il s’occupe de la musique à l’image (la synchronisation : placer des titres pour illustrer des pubs ou des films). Ce sont les deux activités qui ont d’emblée fait tourner la machine. Nous en avons ajouté deux : label (sortir les disques) et éditeur (développer un groupe et être rémunéré sur les concerts, les passages radio et télé). Voilà les quatre différents types de revenus de notre business model.

Avant cela, quel a été votre parcours ?

J’ai une maîtrise d’histoire. Je voulais être journaliste mais à mon arrivée à Paris, la même semaine, j’ai eu à choisir entre deux stages : l’un chez Basket Hebdo et l’autre chez le distributeur Chronowax, qui aujourd’hui n’existe plus. J’ai choisi ce dernier, qui est ensuite devenu Differ-Ant, et distribuait à l’époque les labels Secretly Canadian, Sub Pop, Constellation ou Touch And Go. J’ai commencé par être assistant attaché de presse puis, comme la boite fermait et que l’attaché de presse titulaire partait, je me suis vite retrouvé à gérer plein de choses et à être embauché. Après quelques années, avec mon associé qui a exactement le même parcours, on a réalisé que la taille de la structure ne nous permettrait pas d’évoluer. On a décidé de faire notre truc à nous en lançant Almost Musique. On a commencé avec des artistes comme Ane Brun, qui n’avait aucun marché en France, ou le groupe Thus Owls.

Comment s’articulent vos différentes activités ?

Après cinq ans d’existence, l’objectif est aujourd’hui de tout rassembler : s’occuper d’un groupe – faire qu’il passe à la radio – va générer des droits éditoriaux ; ce groupe peut aussi demander de la promo. On organise aussi des concerts (les fêtes Souterraines). On propose un accompagnement et le but est de tout croiser. Par la force des choses, on doit tout de même compartimenter, d’ailleurs mon associé et moi n’avons pas les mêmes tâches, mais on essaie qu’une action nourrisse trois ou quatre domaines différents.

Vous avez mentionné La Souterraine… Pouvez-vous présenter ce projet ?

C’est une façon différente de développer des groupes un peu éloignée du modèle ancien du label. En gros, on n’a pas de pétrole mais pas mal d’idées ! D’un côté, on reçoit beaucoup de maquettes de groupes. Et de l’autre, j’anime une émission de radio, Planet Claire (Ndlr : sur Aligre FM), avec Laurent Bajon, un vrai « digger » de l’underground, toujours en recherche de talents méconnus. Avec lui, on a créé La Souterraine : on rend disponible, en accès libre – on donne ce qu’on veut – des artistes qui chantent en français et qui n’ont aucun accompagnant. Ça nous sert un peu de laboratoire. C’est un médium entre des choses qui sont « en dessous de zéro » et des choses plus visibles. Avec l’ambition d’être des passeurs. Il y a pour le moment une vingtaine de compilations de dix titres disponibles, à télécharger, qui sont comme des best-of des artistes en question. Une des dernières en date est celle de Nicolas Paugam. Il était dans le groupe Da Capo dans les années 1990, signé sur le label Lithium, puis il a publié des disques dans les années 2000 qui n’ont eu absolument aucun écho. Avec la compilation La Souterraine que nous lui avons faite, il se retrouve avec une chronique en pleine page dans Télérama. Et c’est vraiment notre but. Il y a plus de 50 groupes qui sont sur le site souterraine.biz mais on ne va pas travailler avec chacun d’eux. Certaines vont signer avec d’autres labels. C’est dans l’ordre des choses.

Propos recueillis par Vincent Théval

Le site d’Almost Musique

Le site de La Souterraine

Découvrir :

Baron Retif & Concepcion Perez – L’Indien