Albin de la Simone veut être un homme

Pianiste, arrangeur, auteur, compositeur… Albin de la Simone a multiplié les casquettes et les collaborations, notamment avec M ou Vanessa Paradis. Depuis dix ans, il publie aussi ses propres albums. Le quatrième, Un Homme, vient de paraître. Riffx a voulu en savoir plus sur ce disque délicat.

Quelle est la genèse de votre nouvel album, Un Homme ?

J’ai tout écrit dans mon petit studio aménagé sous les toits du 104 (un lieu culturel parisien dont je suis l’heureux résident), par petites touches entre la production de l’album de Mélanie Pain, mes propres concerts que j’avais décidé de continuer parallèlement, et ma vie personnelle qui était pas mal occupée par l’arrivée d’un enfant. Bref, j’ai essayé d’écrire ce disque tout en vivant ma vie plutôt que de l’arrêter tout et m’isoler en Asie comme je l’avais fait précédemment.

C’est un album beaucoup plus doux que Bungalow ! (2008). Pensez vous un nouvel album en réaction au précédent ?

Oui. C’est ce qui me fait avancer. Ce qui est fait étant fait, je ne ressens plus le besoin de le faire… D’autant plus que je me sens pas mal différent d’il y a cinq ans. Bungalow ! était pop, synthétique, dynamique et lumineux. Ce disque est plus acoustique, cool, construit autour de ma voix et de mes textes, à la recherche d’ambiances et d’émotions plus profondes. Je reviens vraiment sur ces envies que j’ai eues de guitare électriques, de fortes batteries, qui bridaient mon propos plus qu’elles ne le servaient, qui ne valorisaient pas ma voix. J’aime l’énergie rock, mais il faut savoir faire la différence entre ce qu’on aime écouter et ce qui nous va… toute ma recherche formelle tourne autour de ça : quel est le meilleur « costume » pour une voix, pour une personnalité donnée. La mienne, ou celle de ceux pour qui je fais ce travail en tant que producteur ou arrangeur.

Quelle est la part d’autobiographie dans vos chansons ?

Variable ! Parfois je désire coller à ma réalité, être vrai et juste, parfois j’aime partir dans des histoires qui me sont extérieures, des petits films. C’est le cas d’une chanson comme La Fuite. Son histoire est venue petit à petit, elle ne correspond à rien que j’ai vécu. C’est une suite d’inspirations qui m’ont poussé à inventer cette histoire de cet homme qui a déconné, mais dont on ne sait rien. Le contexte (château, lac, brouillard, frontières…) me vient tout droit du cinéma, mais pas d’un film en particulier je crois.

On vous a souvent comparé à Alain Souchon. C’est une filiation qui vous va ?

Oui, et je ne me suis jamais senti aussi proche de lui qu’en ce moment. Je l’ai dans la peau dans la mesure où j’ai grandi en l’écoutant et parce qu’il s’exprime si bien en homme pas frimeur, sensible et solide à la fois, qui doute et le dit. Cet homme que je tente d’être.

Propos recueillis par Vincent Théval