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A travers une série d’interviews, RIFFX met à l’honneur 12 femmes artistes qui sont passées par le Chantier des Francos entre 1998 et 2020. Ce dispositif unique, destiné à des artistes émergents de la chanson francophone, a pour but de perfectionner leur art de la scène. Après Mélissa Laveaux et Cléa Vincent, RIFFX continue cette série de portraits en compagnie de Carmen Maria Vega : une artiste pluridisciplinaire époustouflante, à l’histoire hors du commun, qui n’a pas sa langue dans sa poche. Rencontre.
A vrai dire, je ne connaissais pas l’existence du Chantier des Francos avant que l’on m’invite à le faire. C’était un tremplin évident par rapport à la scène et au milieu professionnel. Je suis originaire de Lyon, et en région il y avait ce qu’on appelle Le Maillon, la fédération régionale du réseau Le Chainon, dont le but est de repérer des jeunes talents et de les pousser. Ce dispositif de repérage était en lien avec le Chantier des Francos, les iNOUïS… On a essayé de faire tous ces tremplins. Le plus intéressant avec le Chantier, c’était d’avoir un vrai moment privilégié via la résidence. Ça permet de travailler la scène, le chant, savoir ce que c’est d’être un artiste, suivre un media training etc.
J’ai adoré travailler avec Jean-Claude Catala qui s’occupait de la coordination interne aux groupes. Il essayait de comprendre ce qui allait et ce qui n’allait pas entre les êtres humains dans chaque groupes (rires). C’est quelqu’un de vraiment bienveillant, pas du tout dans le jugement, qui m’a suivi et me suit encore aujourd’hui, il vient voir tous mes spectacles. C’est très agréable d’avoir des gens fidèles dans ce milieu-là. Il y a aussi Julia Pelaez qui est devenue ma coach vocal pendant plusieurs années après notre rencontre sur le Chantier. Maintenant j’ai une autre coach qui a d’ailleurs été formée par Julia, c’est marrant. Il y a des échos dans la longueur et de vraies belles relations humaines qui se sont créées, avec des gens qui ont été importants à ce moment de ma carrière. Kevin Douvillez, l’ancien programmateur du Chantier et des Francofolies, m’a accompagné pendant très longtemps. Il gère Le Chainon maintenant. Le Chantier c’est quand même hyper chouette, avec des gens qui comprennent que ce métier est difficile. En tant que jeune, c’est bien d’avoir des personnes qui te rassurent. Dieu merci, ce n’est pas qu’un monde de brutes, il y a des gens fidèles, gentils et bienveillants.
Je crois que c’est en moi depuis longtemps. Même gamine, je restais rarement plus de deux ou trois ans de suite à faire la même activité extra-scolaire. C’était un drame pour mes parents car ils avaient l’impression que j’étais indécise, que je ne trouvais pas ma voie. Moi j’avais plutôt l’impression d’ajouter des cordes à mon arc. J’ai essayé un nombre de danses incalculable, pareil pour les instruments même si finalement mon meilleur instrument c’est ma voix. Le théâtre a toujours fait partie de ma vie, je ne voulais pas choisir. Quand j’ai commencé à chanter très jeune, c’était un peu mon angoisse de ne faire que du chant : je me suis battue pour essayer de garder un pied partout mais ça a été long de faire mon trou dans le théâtre. Pour la plupart des gens j’étais chanteuse, pour moi c’était l’enfer (rires). De temps en temps je dois encore rappeler que je suis pluridisciplinaire mais ça va mieux, il a bien fallu quinze ans pour l’assimiler.
Bien sûr, ça me manque. Pour être totalement transparente, sur le premier confinement, ça m’a fait du bien de m’arrêter, parce que j’étais dans un tourbillon de travail. J’avais le livre à promotionner, en même temps je finissais les dates parisiennes, j’étais au théâtre tous les soirs avec Le gros diamant du Prince Ludwig… C’est vrai que c’était un peu kamikaze. Ce deuxième confinement, là c’est vraiment pénible (rires). C’est vraiment relou, en plus les règles ne sont ni faites, ni à faire, on autorise bidule mais pas l’autre, puis en fait si, puis en fait non. J’imagine que ce n’est pas facile de prendre des décisions. Il faut rester philosophe et essayer d’être bienveillant les uns avec les autres. Pour les artistes, l’avenir est assez incertain. Je suis d’un naturel joyeux et j’aime être positive donc ça va, mais je comprends qu’il y a des gens qui soient au bout de leur scotch.
Ce disque j’ai commencé à l’écrire et à le composer pendant que je jouais dans Mistinguett, reine des années folles, donc entre 2014 et 2016. Pour la première fois avec cet album, j’ai travaillé avec plusieurs auteurs-compositeurs sur un même projet, c’était inédit. Ils avaient tous pour contrainte de parler de l’identité, le thème de l’album. Chacun était libre d’en parler à sa manière, qu’est-ce que ça évoquait chez eux l’identité, en écho avec mon histoire. C’était génial qu’on est tous des êtres humains différents et on n’a donc pas la même définition d’un même mot. Ça donne un album assez riche et dense, peut-être mon plus personnel, et mon préféré jusqu’à présent même si je les aime tous. C’est aussi un peu le préquel du livre qui allait venir : Le chant du bouc.
Au départ je voulais écrire un scénario, faire un film, c’était ma première envie en 2011 quand je suis rentrée du Guatemala. J’étais encore trop brouillon, donc j’ai essayé d’organiser ma pensée en partant à New York pendant trois semaines en 2016 pour écrire. Je ne savais pas ce que j’allais écrire mais j’ai écrit tout ce que j’avais envie de dire dans un ordre chronologique. Je suis revenue avec soixante pages. Je les ai laissées reposer, je les ai relues et là je me suis dit : « c’est nul » (rires). Mais au moins ça m’a permis de mettre de l’ordre dans mes pensées. J’ai essayé de comprendre pourquoi c’était bordélique, ce que je voulais dire et ce que je ne voulais pas dire, ce qui était important de dire. La rencontre avec Flammarion s’est faite assez joliment, mon agent a rencontré l’éditeur lors d’une soirée sur le toit de la Cité de la Mode et du Design, où les Airnadette jouaient. Elle a dit : « Il faut que tu rencontres mon artiste, elle a une histoire fabuleuse, ça pourrait t’intéresser ». L’éditeur est venu en trainant un peu des pieds, avec un collègue plus enthousiaste. Je leur ai raconté mon histoire pendant deux heures : cette histoire est longue, dense, intense, drôle, triste… Elle est tout à la fois. Je les voyais se décomposer au fur et à mesure et avoir les petites larmes (rires). Ils étaient prêts à signer. C’était hyper émouvant et hyper joyeux. Une belle aventure.
C’est difficile à dire, parce que moi j’ai toujours été leader, donc de toute façon je vais enfoncer une porte si elle est fermée ou je vais casser le carreau s’il faut passer par la fenêtre ! Evidemment c’est sans doute plus facile dans plein d’endroits pour des mecs, mais je pense que c’est un peu pareil pour tout le monde ce métier. Je travaille principalement avec des mecs, qui aiment travailler avec des filles, je ne me suis jamais sentie différente parce que j’étais une femme. Après il y aura toujours un idiot qui va essayer de t’apprendre la vie, mais il y a aussi des idiotes qui veulent t’apprendre la vie ! Moi je n’aime pas trop qu’on m’apprenne la vie de base (rires). Notre métier est difficile. Au niveau de la parité, le truc le plus concret qui m’ennuie profondément c’est que nous les femmes, on est toujours moins bien payées que les hommes.
C’est toujours difficile de donner des conseils, ça fait vieux sage (rires) ! Le conseil que je peux donner est de partir du principe que tout est possible, le non dans notre métier ne doit pas exister. C’est-à-dire quand on travaille par exemple en résidence et que quelqu’un propose une idée, il faut plutôt partir du principe que s’il y a une idée qui ne nous plait pas, il faut l’essayer. Au moins si on a essayé on sait pourquoi on était sûr de pas l’aimer ou finalement on se dit que c’est pas mal en fait. Ça c’est plus pour la cohésion de groupe qui est parfois difficile. Concernant le succès, les partenaires, les labels, les attachés de presse… Il y a parfois cette pression très lourde autour de l’artiste quand sa carrière commence à décoller. Il faut toujours se dire que ça peut retomber très vite, et garder ses amis fidèles quand on en a. S’entourer de gens bienveillants et gentils aussi, c’est primordial parce que c’est trop difficile ce qu’on vit au quotidien pour être entouré de gens toxiques (rires). Il ne faut pas avoir peur aussi de maintenir ses positions, en général l’artiste sait mieux que quiconque ce qu’il a envie de dire.
Si on nous permet de bosser malgré le contexte actuel, je voudrais mener à bien Fais-moi mal Boris pour le centenaire de la naissance de Boris Vian. On l’a monté une semaine avant l’annonce du premier confinement, il était quasi fini. Les dates de septembre et octobre sont passées entre les gouttes donc super, on aimerait maintenant pouvoir reporter les dates de novembre et décembre en 2021. J’aimerais installer ce spectacle en fixe dans un théâtre parisien. Boris Vian c’est la France, c’est quelqu’un qui est important et qui compte. Et puis un peu de tournée si je peux ! Il faut aussi que j’adapte Le chant du bouc en scénario et que je trouve un producteur très bientôt. Je devais adapter le livre seule en scène aussi mais je suis méga à la bourre. Moi qui suis quelqu’un qui bosse énormément, ces confinements m’ont rendue un peu fainéante (rires) !
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