Vitalic. Rave Age

Avec Daft punk, Laurent Garnier ou Agoria, Vitalic représente une certaine musique électronique française intransigeante et intègre. Révélé au public en 2005 avec « OK Cowboy », « Flashmob » en 2009 l’imposera comme le producteur hexagonal le plus insaisissable, l’un des remixer les plus demandés (Björk, Club Cheval, Amadou & Mariam) et l’un des plus grand performer techno au monde. Pascal Arbez-Nicolas reste pourtant un artiste discret, en marge de la hype mais certainement l’une des valeurs sûres de l’électro multicolore et sans œillère. Rencontre.



Le titre de l’album « Rave Age ». Est-ce un clin d’œil aux fameuses rave parties qui connaissent aujourd’hui un retour en force ?


Non. Même si dans le disque il y a des influences rave et techno, il n’y a pas de lien avec les soirées punks à chien et les sound systems dans la boue. Comme le montre la pochette, on est dans un état d’esprit plus posé, plus hippie. Le « Age » est plus important que le mot « Rave ».


On dit que votre nouvel album est plus pop que les précédents. Est-ce que cela signifie qu’il est donc plus adouci que ses petits frères ?


Non je ne crois pas. Il n’y a pas de rock comme dans les deux précédents. En fait je suis toujours au milieu de styles différents et comme je ne choisis pas une ligne directrice, les gens sont un peu désorientés. À l’époque de  » Flashmob « , j’ai lâché le rock car je ne voulais pas faire la guerre des BPM avec Justice. J’ai toujours été à contre-courant. La nouveauté c’est certainement cette dose d’humour que j’ai distillé tout au long de l’album.


Votre album fait voyager à travers de nombreux styles différents : hardcore sur Vigipirate, électro-pop sur Under Your Sun avec un son Rave Party 90. Est ce réfléchi ?


J’y vais à l’instinct, sans réfléchir. Je pense qu’il y a quelque chose de punk et d’insoumi dans ce disque. Je passe d’un style à un autre et je me fous des guerres de chapelle. Voilà pourquoi je ne comprends pas quand on me dit que c’est un disque « adouci ». Au niveau du rythme peut être, mais dans le contenu il va plus loin que les précédents. Ce mélange des genres je l’ai trouvé en Italie, à Rome. Là-bas dans certaines soirées on entend des titres très branchés qui enchainent avec un truc très commercial. J’ai donc voulu dans « Rave Age » mélanger des sons très populaires, limite vulgaires avec des sonorités ultra pointues.


Pourrais tu nous décrire cet incroyable titre The March of Skabah ?


L’idée était de mélanger les violons d’Afrique du nord avec de la techno assez sombre. Je l’ai fait en deux jours et j’ai essayé d’y rajouter des vocaux mais ça ne marchait pas. Pour moi ça représente un défilé de monstre du genre Futurama.


Vous êtes un producteur qui attache énormément d’importance au mix et au travail du son, quel est votre avis sur la qualité audio de certaines plateformes de streaming ?


Je n’y vais jamais. Je suis de la vieille école, je télécharge en très bonne qualité, je range bien mes tracks avec les pochettes… Il y a peu je suis allé dans une boutique et j’ai halluciné sur le prix des casques. C’est très très cher ! Je me suis interrogé sur ces personnes qui refusent d’acheter de la musique mais qui vont mettre 400 euros dans un casque pour écouter des mp3 de mauvaise qualité ! Ce n’est pas un jugement mais je me demande comment on a pu glisser comme cela.


Vous avez une réputation de gastronome dans le milieu musical. Comment composeriez-vous un menu spécial en écoutant votre album ?


Sans réfléchir, ça serait Des huitres fines claires n°3 en entrée. Ensuite, pour le coté mille-feuille de mes productions, je continuerai avec des lasagnes car il y a plusieurs sortes de féculents et c’est très riche et pourtant ça se tient bien. Enfin, en dessert, une gaufre pour le coté belge de ma musique, les rave parties, les hangars…


Propos recueillis par Willy Richert