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Deux ans après le succès public de leur premier album « Digère et crache », vendu à 7 000 exemplaires et une reconnaissance du milieu professionnel (dont la prix de l’académie Charles Cros 2013), le quatuor nantais est de retour avec un nouvel ovni « Des angles et des épines ». Olivier Garnier, dit Lulu, interprète et auteur des textes, emmène le groupe vers des contrées habitées par Noir Désir, Rocé ou encore Serge Gainsbourg. Bien sûr, on pense à #Fauve par paresse intellectuelle, mais les textes de Lulu sont ancrés dans une autre réalité, plus sociale et poétique que leurs faux frères parisiens. Un album passionnant qui se dévoile écoute après écoute. Session exclusive et rencontre avec le leader de Cabadzi.
Quel est votre rapport à l’écriture et au choix des thèmes abordés ?
C’est un mélange de vécu personnel – de ce que me raconte les gens – et de littérature. Tout cela donne ces chroniques sociales. Mon rapport à l’écrit remonte à loin : j’ai toujours aimé gratter sans être forcément un passionné de littérature même si je suis un grand consommateur de magazine d’actualité. J’ai aussi une grande passion pour la radio, j’aime quand la voix est au service de l’écrit. J’ai travaillé pour le théâtre et pour le cirque contemporain mais depuis 2009 je consacre toute mon écriture à Cabadzi !
Peut-on parler de poésie contemporaine ?
Oui, tout à fait. C’est une recherche permanente de choses ancrées dans la réalité, à mi-chemin entre le rap pour le rythme et la poésie pour le choix esthétique. Il faut absolument que cela sonne bien, que les mots soient beaux en terme formel de sons.
Ce choix esthétique n’est pourtant pas dans l’air du temps qui est plutôt à la punch line, la phrase choc !
Tant pis, ce n’est pas réfléchi, c’est ainsi ! Si on y réfléchit bien, musicalement non plus d’ailleurs : nous ne sommes pas dans la facilité. Notre musique est très travaillée, très esthétisée. C’est notre ADN ! Nous sommes souvent proche de l’expérimentation dans notre manière d’écrire et de composer. Cabadzi est un work in progress !
Vous avez des influences françaises ?
Il y a deux artistes qui comptent beaucoup pour nous. Bashung, dont nous reprenons La nuit je mens pour le côté aérien et Serge Gainsbourg pour le sens du rythme. On nous cite souvent Léo Ferré, mais j’avoue l’avoir très peu écouté pour sa posture qui ne me touchait pas. Mais il va falloir que je m’y mette car c’est une référence qui revient sans cesse.
Cabadzi est une sorte de famille ?
Oui nous sommes une équipe très complète. On fait à peu près tout, clip compris ! C’est un vrai kif de ne dépendre de personne, de jouir d’une liberté totale. Peut-être aussi n’avons nous pas rencontré les bonnes personnes. Avec Internet et les outils informatiques nous pouvons être totalement indépendants. Cabadzi tel qu’il existe aujourd’hui n’aurait pas pu voir le jour il y a 20 ans.
Comment expliquez-vous ce besoin du public de revenir au texte ?
C’est un peu comme le retour vers le religieux avec les pertes de valeurs. Les gens ont besoin de sens et pas seulement d’écouter de la musique pour se distraire et danser. Le public a besoin de contenu. C’est plutôt une bonne nouvelle ! »
À la première écoute de votre album, on se dit : « Tiens encore un #Fauve » ! La différence se fait ensuite, assez rapidement d’ailleurs. Comment le vivez-vous ? »
Nous comprenons cette familiarité, bien sûr, et leur reconnaissons de la qualité. Mais nous ne sommes pas du même milieu et musicalement nous en sommes assez éloignés. Cela dit, c’est le risque dans toutes les musiques, dans tous les arts en fait. Nous n’y pouvons pas grand chose, cela fait parti du jeu.
Propos recueillis par Willy Richert
Découvrir :
Cabadzi – Cent fois (Session acoustique exclusive)
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