RIFFX.Hebdo : Lyrics avec Gauvain Sers

Pour cette rentrée, Gauvain Sers est avec nous dans le RIFFX.Hebdo. Le musicien a sorti il y a quelques jours son troisième album « Ta place dans ce monde ». Il décrypte avec nous les textes de ses chansons.

C’est vrai que c’est la chanson qui est arrivée un peu au dernier moment.

J’avais fini d’enregistrer l’album, il y a une deuxième vague qui nous est tombée dessus, du coup je me suis remis à écrire, et donc cette chanson-là est arrivée.

C’est devenu un peu la pierre angulaire de l’album, celle qui résume un peu tous les personnages qui interviennent dans l’album.

Je trouvais que ça faisait un beau titre d’album aussi, et une belle chanson d’ouverture, en tout cas pour présenter les autres chansons.

J’aime bien les seconds rôles.

J’ai toujours bien aimé les personnages de l’ombre, et il y a une autre chanson dans l’album, c’est : « Les gens de l’ombre », et ce n’est pas pour rien.

C’est vrai que j’aime bien parler d’eux, parce que déjà on ne parle pas souvent d’eux, on parle souvent des gens qui sont au premier rang et qui prennent toute la place.

Je mets en scène quatre personnes avec des destins très différents, mais des gens qui ont continué de travailler pendant que nous on était, quand même, assez tranquillement chez nous.

Même si c’était compliqué, on était quand même dans une meilleure posture, et voilà, c’était important je trouve, encore une fois, de raconter leur histoire, mais sans donner de jugement, sans donner de morale, même si il y en a une petite quand même, à la fin de la chanson.

« Les toits de Paris », et la cover de l’album, c’est regarder un peu de haut, et surplomber les gens, et je trouve que d’écrire des chansons c’est un peu ça aussi.

C’est parfois parler de soi, mais c’est aussi parfois, juste être le narrateur omniscient qui essaie de raconter ce qu’il voit et ce qui le touche.

C’est aussi un peu mon histoire aussi, parce que quand je débarque à Paris, j’ai 17 ans et je me retrouve dans une chambre de bonne au 6ème étage sans ascenseur, et de voir cette mer, un peu, de toits en tuiles bleues, et bien c’est vrai que je suis assez vite tombé amoureux.

Je voyais un tout petit bout de Tour Eiffel au loin, je ne sais pas, ça me faisait rêver.

J’avais envie d’une espèce de photographie de la suite de la chanson « Lily » de Pierre Perret, qu’est-ce que ça donne en 2020, 2021, et finalement est-ce que beaucoup de choses ont changé ?

Je crois quand même qu’on n’en est plus au niveau de Pierre Perret et « Lily », en terme d’égalité des chances et d’intégration, mais en même temps il faut que ça avance quoi.

On est dans un milieu, effectivement, le milieu de la musique, qui peut-être aussi, parfois, formaté.

On peut essayer de nous faire changer de cap, et quand on fait un genre de chanson, comme je le fais, « française », on va dire, classique qui existe depuis longtemps, on peut se poser des questions et se dire : « Bah non, ça ne va jamais le faire, il y en a déjà eu plein des chanteurs comme ça. ».

Et en fait j’ai décidé de continuer, de m’accrocher à ça justement, au fait que, peut-être, il n’y en a plus beaucoup des chanteurs qui racontent des histoires en tout cas.

Ce qui m’a donné envie d’écrire des chansons c’était ce type de chanteur là, qui sont assez souvent les mêmes, finalement, sur scène que dans la vraie vie.

Donc ce passage-là, de cette chanson, c’est un peu ça, c’est un peu : « N’essayez pas de me changer, de toute façon je ne changerai pas. ».

Une espèce de court-métrage quoi, de 3 minutes, ou une espèce de peinture d’un mec qui se pose à la terrasse d’un café, qui regarde les gens passer et qui essaye de peindre tous les personnages en même temps.

Une espèce de galerie qui va peindre une société, au sens un peu plus large justement, prendre une toute petite scénette, pour parler de tout le monde.

C’est très, très réaliste pour le coup, parce que c’est très observé.

J’ai inventé très peu de choses dans cette chanson, c’est vraiment du vécu.

C’est une personne qui me touche énormément, et c’est une chanson à elle toute seule, donc voilà elle méritait cette chanson depuis très longtemps.

Franchement « Le dîner de con », en terme de lyrics, si on parle de lyrics, de A à Z c’est franchement des punchlines tout le long du film quoi.

Le moment où il dit « On a les droits ! Et pour pas cher en plus à mon avis. Il a marché à fond le gars ! », ça c’est quand même énorme.