RIFFX.Hebdo : Les lyrics d’Ycare

Des mots pleins de sens, témoins de la vie de celui qui les chante, Ycare revient pour RIFFX.fr sur les paroles des chansons de son nouvel album Des Millions D’Années avec beaucoup d’authenticité. Un beau moment ensemble qu’on vous partage avec joie !

Tatoué : « Sur ma peau tatouée, pour être sur de ne pas les oublier ».

Ce sont des cicatrices volontaires qu’on veut exhiber ou pas, dans des endroits plus intimes. C’est un peu le tampon sur un passeport, comme si ton corps était justement ce passeport et que tu décidais de le marquer pour ne pas l’oublier. Une rencontre, un souvenir, une date, un rendez-vous. Je voulais ouvrir cet album avec ça parce que c’était un moment où je ne savais pas si j’allais pouvoir continuer ce métier, ce travail, il y a eu cette pandémie, il y a eu cet enfermement. Et la chanson a quelque chose d’héroïque et dans cette version avec les Émilie Satt. Voilà, c’est clamer avec quelque chose d’assez onirique et d’assumer. C’est un peu un chant guerrier, mais qui vient en paix.

 

Animaux fragiles : « Toi et moi, des animaux fragiles et cette planète n’est qu’une île »

On est vraiment dans une schizophrénie, dans ce morceau de choses qui nous caractérise nous-mêmes. Et cette bulle-là, ce refrain qui arrive au milieu de nulle part, avec des accords majeurs. Cette espèce de nuage de coton sur lequel on fait flotter un idéal. On sait très bien qu’il n’arrivera pas. C’est ce petit truc suspendu et hop, la réalité nous rattrape mais elle est belle la réalité.

 

A mi manera : « A mi manera, a mi manera, la vie est pour moi une langue étrangère »

Cette chanson, c’est la résilience, c’est l’acceptation de sa mortalité c’est l’acceptation du temps qui passe. “A mi manera” c’est vraiment le lâcher prise d’un truc. Mais je ne comprends rien à cette vie. Je ne la résoudrai pas, je ne changerai pas le monde. Je ne vais rien révolutionner du tout, mais j’aurais fait les choses comme j’ai pu. Le reste ne changera pas. Elle intervient dans cette chanson Amel Bent comme un ange. Elle vient, elle ne chante queces mots-là. Et rien d’autre. C’est un “feat”, ce n’est pas un duo, c’est le seul “feat” de l’album. C’est une intervention très petite et qui amène toute sa raisonnance.

 

Des millions d’années : «  Des millions d’années mais en fin de compte, le temps ne passe passe passe que pour ceux qui le compte »

Je suis obnubilé par le temps qui passe. Ça m’a longtemps meurtri. Ça a été des chansons tristes, des albums précédents. Pour ceux qui suivent un peu depuis le début, je suis obnubilé par le temps. Je voudrais que ça dure des millions d’années, mais en fait, non,  ça durera ce que ça durera et c’est ici et maintenant. En fait, finalement, j’ai acquis une certaine forme d’éternité en moi en acceptant de mourir.

 

À la maison : «  C’est pas 4 murs et un toit ma maison c’est nul part sans toi »

Finalement, la réponse est tellement bateau après tant d’années de recherche d’identité de c’est quoi mon drapeau, c’est quoi mon hymne, c’est quoi mon pays ? Qu’est-ce que nous sommes où nous allons et d’où nous venons ? Et ça n’a aucune espèce d’importance. Ce sont nos compagnons de route, ce sont les gens qui nous entourent, qui nous font sentir qu’on est chez nous à un moment donné. “Ma maison parce que je t’aime sera toujours où tu m’emmènes”.

 

Une vie : « Faut mieux, aimer les gens quand on a encore 20 ans »

Cette chanson, elle m’échappe. Ce n’est même plus ma chanson. C’est la chanson des baptêmes, c’est la chanson des enterrements. Je vous promets, c’est un délire. Elle ne vient pas de ma main, elle vient de ma main d’il y a 20 ans, avec cette peur du temps qui passe et tout que je n’ai plus aujourd’hui. Et je voulais la partager avec celui avec qui j’ai grandi et qui est mon frère, qui chante très très bien. Qui n’en a pas fait son métier parce que parfois la vie décide aussi. C’est un superbe duo.

 

Si jamais j’oublie : « Rappelle-moi qui je suis pourquoi je suis en vie »

Cette chanson, je l’ai écrite dans un contexte chaotique. On va résumer ça : je suis au bout de ma vie en 2015. Je suis en train de divorcer et de faire mes valises je me casse, j’arrête la musique, j’arrête tout. Mon éditeur me dit “S’il te plaît, fais des paroles pour Zaz”. Voilà ma réaction. Et je ne rigole pas, j’écris çaen 10-15 minutes parce que pasle temps, parce que je dois vraiment partir, j’allais à l’aéroport. L’ironie de la chose ou la beauté de la chose, c’est que cette chanson, je l’ai écrite en 2015, un momentoù je veux arrêter. Et 8 ans plus tard, la première chanson extraite de cet album, c’est “Animaux fragiles” avec Zaz. Et du coup, elle boucle la boucle de cet album. Parce que finalement, à la fin, tu es face à toi-même. Et c’est ça, si jamais j’oublie.

 

Merci Ycare !

 

Merci beaucoup. Merci à vous. Merci.