RIFFX.Hebdo : Les lyrics de Mademoiselle K

Mademoiselle K revient avec nous, sur les paroles de ses chansons. Sur son quotidien qui l’a amené à ces titres et aux réflexions autour.

Chloroforme : « Faudrait encore plus de bruit pour un peu moins de soucis »

C’est la chanson fondatrice et la chanson qui ouvre les portes de ce qu’allait donner cet album d’une manière ou d’une autre. Il y a un truc sur l’endormissement et sur le sommeil  qui est très fort dans ce que ça dit. “Est-ce qu’il faut que je m’endorme sur cette idée morne, d’être un flacon de chloroforme ?”. La sensation que je m’endors moi-même de mes idées. Une espèce de flétrissement, peut-être de ce que j’ai à raconter, et en même temps, le grand réveil avec le bruit. Et le refrain dit : “Je voudrais plus de bruit pour moins de soucis”. C’est très simple, c’est très basique et en même temps, c’est très essentiel.

 

Nos Intensités : « Qu’allons-nous faire de nos intensités, qu’allons-nous faire de nos intensités »

Il y a encore un reste de cicatrice là. Je me suis arraché le pouce comme ça. Accident domestique à la con en jetant un plat en céramique. Et opération et donc là après, j’apprends que le fléchisseur long était sectionné et je me rappelle dans la voiture, en allant aux urgences, me dire : “Ok j’ai mes 4 autres doigts. Donc voilà je pourrai jouer avec les autres”. Et après me dire : “Mais en fait, la guitare, c’est hyper important”. Et donc, c’est vraiment la conscience de dans quel état on peut se mettre   régulièrement d’extrémité à l’intérieur, de ressentis. Et aussi le monde dans lequel on est, avec tout ce qui déborde en permanence, les crues permanentes qu’il y aura de plus en plus. Les crues historiques de nos intimités c’est aussi tout le rapport qu’on a à Instagram et aux réseaux sociaux, à tout ce qu’on balance de nous. Il y a tout ça mélangé. C’est pour moi, c’est vraiment une chanson de 2022. C’est une chanson de son époque.

 

Garçon Bleu : « Ce petit air frais jusqu’à mon visage qui soufflait »

J’habite au bord de la mer maintenant, enfin depuis le confinement. Je fais partie de ces urbains qui ont quitté la ville et en fait “Garçon Bleu” pour moi, c’est vraiment comme ça il y a des chansons qui appartiennent à un endroit et je pense qu’elle ne serait pas née si je n’étais pas là au bord de la mer. Il y avait un truc avec l’air. Le bord de mer ça bouge tout le temps, ça brasse tout le temps. Et “Garçon bleu” pour moi,c’est vraiment ça. C’est déjà cet air-là qui fait du bien.

 

Les Trains : « J’ai le bras en érection, tu me fais l’effet wagon, retrouve-moi en voiture 9, là-bas je serai ta meuf »

C’est une chanson d’amour. Il y a un vrai plaisir d’écrire ces mots-là. J’adore déplacer les expressions comme ça. Et donc je trouve ça intéressant d’élargir à chaque fois le champ de la perception. C’était un peu le festival du champ lexical ferroviaire.

 

J’rêve d’un CRS : « Sa matraque tousse, elle est fatiguée, elle est douce, elle ne veut plus frapper »

Puissance de la douceur pour aller plus loin que la violence en faite. Pour faire plus fort que la violence. S’il y a bien un truc que j’ai appris avec le temps, c’est la puissance du… Tu vois du… Du 3 mots : “Je vais te défoncer”. Tu vois ? Ou alors : “Je vais te foncer de tendresse”. Et c’est un vrai kiff  d’inverser le… “J’rêve d’un CRS qui s’jette sur moi pour m’faire un gros câlin. Qui lève sa main pour m’indiquer mon chemin”. C’est que des déviations de route et de gestes et d’intention jusqu’à cette fin : “Commandez votre CRS du futur”. Un CRS comme une espèce d’objet de consommation, on ne sait pas trop quoi.

 

Sous mon pull : « Muscles serrés sous mon pull, muscles serrés sous mon pull »

C’est une chanson que j’écris après le confinement pour le coup. Et je pense que c’est des restes de questionnement que j’ai eu en tant que Mademoiselle K puisque après mon premier album, j’ai très mal encaissé… Enfin les gens qui me reconnaissaient dans la rue parce qu’ils m’avaient vu à la télé, mais qui ne connaissaient pas ma musique, et ça me faisait très bizarre. Je me pose régulièrement cette question de la gloire, pas la gloire, machin, connu, pas connu. Qu’est-ce que ça veut dire tout ça ? Je vois aussi tout ce que ça a de dégueulasse d’être ultra-connu. Tout ce que ça amène autour de fake. Et ça parle aussi un peu de ça cette chanson, de ce truc que j’ai voulu fuir et qui n’est pas mon truc,  qui n’est pas la chose qui me fait forcément le plus envie dans la réussite.

 

Ta sueur : « A la base j’reniflais tes aisselles, ça sentait ta sueur j’aimais ça c’était simple »

C’est une de mes chansons préférées de l’album. C’est une de celles que j’ai le plus écouté sur ces quatre dernières années. Et je vois très bien, il y a ce petit côté provoc où quand j’écris la phrase, il y a une partie de moi qui fait : Et j’aime bien ça en fait. C’est là que c’est intéressant,c’est quand je lis un livre,  c’est aussi ça que je cherche parce que pour le coup ça sonne pas de ouf. “À la base,  j’reniflais tes aisselles” C’est pas une phrase qui sonne de fou. Mais c’est pour ça qu’elle est intéressante. C’est ça aussi le propos de cette chanson. C’est… Voilà ça… S’engouffrer l’un dans l’autre, se renifler, le peau à peau. Être ensemble, ça, c’est simple. Et pourquoi est-ce que des fois les autres trucs, c’est pas simple.

 

Merci Mademoiselle K !

 

On a le chapeau du post.