RIFFX.Hebdo : L’actu de Bénabar

A l’occasion de la sortie de son neuvième album, Indocile heureux, Bénabar nous a accordé une interview exclusive, à découvrir dans ce RIFFX.Hebdo.

Tu as des potes, sans doute, menteurs mais en tout cas, on a envie d’y croire.

Mesdames, messieurs, Bénabar !

Bonjour

Évidemment, il faut s’imaginer que les gens chez eux applaudiront, enfin, se laisseront aller à toutes sortes de folies dont ne on peut même pas imaginer.

Je le souhaite, je le souhaite oui… je ne veux pas tout savoir d’ailleurs !

 

Tu sors évidemment ton neuvième album studio : « Indocile heureux ». Un album qui nous rappelle que plus que d’être chanteur, j’ai envie de dire que tu as toujours été finalement un formidable compteur d’histoires. Une sorte de « Père Castor » mais en plus drôle en fait, un peu non ?

J’aime bien raconter des histoires, c’est vraiment la base de ma démarche artistique et c’est vrai qu’il se trouve que je chante mais j’aurais pu le faire un peu autrement je pense. Mais par contre, j’ai toujours eu cette vocation-là, oui, de raconter une histoire.

 

Alors un disque avec du « LOL » dedans, mais pas que ! C’est aussi un disque très touchant, émouvant, tendre… À l’image finalement du clown que tu es, tantôt avec le nez rouge, tantôt avec les yeux rouges ?

En tout cas, il y avait cette volonté là d’avoir des petites montagnes russes émotionnelles dans le disque. Il y avait une chanson triste, une chanson rigolote… Jamais les mêmes thèmes abordés. C’était vraiment « variété » au sens littéral du terme, que ce soit vraiment différent à chaque chanson.

 

Et c’est un paradoxe que l’on retrouve dès l’ouverture de l’album, avec « Oui et alors ». Est-ce que cette ambivalence-là, ça te reflète et ça te résume assez bien ?

Oui ! Et de plus en plus parce que j’ai un côté très dépressif, tourmenté mais j’ai aussi un autre côté très « Carpe Diem ». Et de plus en plus, peut-être une question d’âge aussi puis c’est aussi ce que j’ai envie de véhiculer en ce moment, les temps sont difficiles, apporter un peu de joie, d’enthousiasme. De cultiver cette partie-là, en tout cas, de ma personnalité.

 

Tu disais que pour cet album, tu avais besoin de sortir de ta zone de confort, alors c’est-à-dire ?

50 ans, 9 albums, 25 ans de carrière, tu prends des habitudes, des réflexes… C’est un style, mais des fois c’est aussi un peu de la facilité donc il faut faire attention à ne pas se répéter, à ne pas essayer de deviner ce que les gens attendent de toi, enfin, ces questions-là que je me suis toujours posées parce que j’ai toujours douté de tout, mais là, elles me sont apparues comme évidentes ! Et aux yeux de tous d’ailleurs, de toute l’équipe qui était là.

 

Je voulais te parler aussi de ton titre « Indocile heureux ». Un rebel, c’est quelqu’un de systématiquement contre et un indocile, c’est quelqu’un qui n’est pas forcément pour, c’est un peu ça ?

Et puis, l’indocile, ce n’est pas forcément s’opposer mais c’est de mettre son libre arbitre tout le temps, d’avoir son mot à dire. Il y a un côté d’ailleurs très français, râleur mais par contre, c’est pas forcément être dans l’opposition ou dans la négation permanente. Donc, la rébellion en tant que tel ne m’intéresse pas moi, à moins qu’il y ait un objet précis évidemment, alors que l’indocilité comme démarche intellectuelle m’intéresse beaucoup et je trouve que c’est à cultiver.

 

Alors dans cet album, j’en veux pour exemple : « Les filles de plus de 40 ans », « Un Lego dans la poche », il est souvent question du temps qui passe. Est-ce que tu as ce goût pour la mélancolie et la saudade ?

Je l’ai un peu mais je m’en méfie parce que je trouve que c’est souvent un peu complaisant. Ce qui est quand même une posture de chanteur bien connu, « oh, je suis malheureux ! »… Ce qui est censé remplacer la profondeur par le sentiment de détresse ou de peine. Donc je fais attention parce que c’est plutôt mon caractère d’avoir quand même conservé un peu d’optimisme.

Il y a un truc qui m’a frappé quand j’ai écouté l’album, c’est le fait que ça s’inscrit dans la plus pure tradition d’écriture de la chanson française. Je veux dire : il y a début, il y a un milieu, il y a une fin, il y a une vraie progression !

Oui, c’est vraiment ce qu’on a voulu faire. Mais moi depuis toujours, j’adore ces chansons-là qui sont en effet très académiques, avec idéalement une chute ou une morale. Morale au sens La Fontaine, et moi j’adore ça, je cultive ça dans les textes. Mes chansons ne sont pas forcément plus réussies mais il y a cette volonté, s’il y a un deuxième couplet c’est pour raconter un truc ! Et moi ça me gêne quand j’ai l’impression qu’on ne me raconte rien en fait. C’est comme au restaurant où tu as encore faim après avoir mangé.

 

Tu chantes des chansons populaires, au sens noble du terme, pour la classe moyenne que tu chantes dans la chanson « William et Jack », les deux Daltons du milieu. C’est le fameux syndrome Black Eyed Peas, c’est cool quand tu es Fergie, quand tu es Will.I.Am, mais quand tu es les deux autres, finalement, c’est moins cool…

Exactement ! Oui, c’est exactement ça, cette classe moyenne dont je fais partie… Enfin, dont je faisais partie, maintenant j’ai une vie de bourgeois mais je viens de là, ma famille vient de là. Ma famille je ne la vois plus parce qu’ils ne sont pas connus donc…

 

Ah tu viens d’une famille pas connue ?

Oui !

Ok ! Chaud, chaud !

Et c’est vrai que ça me touche, et c’était l’occasion de donner un clin d’œil et puis de célébrer aussi cette classe, classe moyenne mais classe quand même ! C’est noble.

 

Bénabar, merci beaucoup !

Merci à toi.

Je vais terminer avec cette citation qui dit : « Si vous voulez que la vie vous sourit, apportez-lui d’abord votre bonne humeur ». Je me suis dit que ça correspondait assez bien avec ta philosophie et à la philosophie de cet album !

J’essaie, oui, oui, c’est une belle citation.

Tu sais de qui elle est ?

Non !

Eh bien elle est de Spinoza. Je n’ai jamais lu, je viens de l’apprendre pour l’interview ! Et les amis, si vous voulez comprendre évidemment, il faut écouter l’album.

Ou lire Spinoza !

Oui !

Remarque, c’est bien, parce que ça veut dire qu’il y a beaucoup de gens qui vont écouter l’album. Si on dit, il y a deux choix : ou bien vous lisez tout Spinoza…

Mais intégralement !

… ou bien vous écoutez mon album ! Je pense que je vais avoir des clics sur YouTube !

Merci beaucoup Bruno !

Merci à toi.

En tout cas c’était un plaisir, merci beaucoup !