RIFFX.Hebdo : First/Last avec Cyril Dion et Sébastien Hoog

Première émotion musicale, premier instrument, c’est ce qu’évoquent Cyril Dion et Sébastien Hoog dans le RIFFX.Hebdo de la semaine. Décryptage !

C’est un sujet du bac ça ! Ah oui, c’est ça !

 

Votre première émotion musicale ?

C’est la musique de Goldorak. C’est vrai, c’est la musique  de Goldorak ? Bah ouais ! Moi, je me souviens, quand j’étais plus petit, j’aimais bien Genesis. Et Toto. Mais la vraie grande claque, c’était les Doors. Ça m’a plongé dans  une espèce de transe et je ne pensais pas qu’on pouvait faire ça. Je ne pensais pas qu’on pouvait faire ça avec la voix, les mots, la musique,  le théâtre, la poésie. C’est la première fois que  je voyais un truc pareil.

 

 Votre premier instrument ?

Alors moi, j’ai joué de la guitare. Très, très mal. Et donc je pense que le premier truc que je faisais, c’était les Cranberries, parce que c’était hyper facile. C’est très, très facile. Sur la corde là… Tu peux jouer avec un doigt cette chanson. Voilà, j’étais spécialisé dans les Cranberries. Et moi j’ai dû apprendre peut-être America, “A Horse With No Name”. Pareil, c’est deux doigts, il n’y a que 2 accords, donc c’est assez simple. C’était juste après Goldorak, je crois.

 

Votre première rencontre avec la poésie ?

Joachim du Bellay, en CE2 je pense. Moi, la première expérience de la poésie, c’était Jim Morrison aussi. Quand j’avais  peut-être 15 ans. Et puis ça m’a emmené à Rimbaud assez vite. Et je me souviens encore quand j’ai lu “Une saison en enfer” la première fois,  énorme claque. Je me suis dit : “Je veux faire ça comme métier. Je veux être ça !” Et la poésie, pour moi,c’est un peu comme la musique, c’est-à-dire que ça te fait la même chose,  ça te désoriente, ça t’embarque, ça t’ouvre des mondes dans ta tête, ça te laisse un peu dans une sorte d’état différent de celui dans lequel tu étais avant d’avoir commencé à lire le poème.

 

Votre dernier projet « Résistances poétiques » ?

La poésie, comme la musique, et l’art en général… Pour moi en tout cas, ça nous relie à  ce qu’il y a de plus essentiel en nous. C’est-à-dire, ce qui nous rend vivants, ce qui nous donne envie  de nous lever le matin. Et je pense que face à la fois à  une crise écologique absolument dramatique et face à une sorte de marchandisation du monde, de matérialisme galopant où on essaie  de nous coller derrière des smartphones et des écrans toute la journée plutôt que de mobiliser nos sens pour faire des choses  qui permettent aux vivants de continuer à exister sur cette planète. Je pense qu’on a besoin de la poésie pour à nouveau se relier à ça. À la beauté, à l’émotion et donc pour trouver les ressources qui nous permettront d’affronter cette crise. Moi, j’adore une phrase d’un poète turc qui s’appelle Nâzim Hikmet, qui dit “Si nous ne brûlons pas, comment éclairer la nuit ?” Et bien voilà, aujourd’hui, on a besoin d’éclairer la nuit. Et qu’est-ce qui peut nous faire brûler ? Peut-être la poésie. On a travaillé vraiment ensemble et on a fait une musique qui nous correspond à tous les deux. C’était un processus très agréable et je n’avais jamais vraiment fait de musique comme ça. Les graves sont… Il y a beaucoup de graves ! Il y a des beaux graves ! Voilà !Donc c’est une matière agréable à traiter.

 

Le premier titre « Debout » ?

Le fil de cette chanson, c’est un truc, moi, qui m’occupe depuis un moment, de se dire : “Est-ce qu’on est sur cette planète  simplement pour être des producteurs consommateurs  et justement pour se conformer à cette espèce de cauchemar climatisé ? Donc pour aller faire des photocopies, s’entasser dans les couloirs, manger des sandwichs triangle sur le bord de l’autoroute ? Ou est-ce qu’on est là pour autre chose ? Et si on est là pour autre chose, pour quoi ?” Et pour moi, c’est une espèce de façon de se poser la question à l’échelle de notre société. Est-ce qu’on est là simplement pour faire de la croissance, augmenter la productivité ? Est-ce que c’est ça le but de nos civilisations ?  Parce que si c’est le but, bien malheureusement, là, c’est en train de nous emmener vers la catastrophe écologique. Ou est-ce que le but, c’est au contraire de perpétuer la viesur cette planète ? Et si c’est ça qu’on cherche, alors il faut s’y prendre autrement. Vraiment, définitivement.

 

Le dernier instant de poésie vécu ?

Quand je regarde mes vieilles guitares, par exemple, ça me fait des choses. C’est des guitares qui sont très vieilles, et donc elles sont là, elles racontent des choses. Ça, c’est de la poésie  pour moi.

 

Merci Cyril Dion et Sébastien Hoog !

 

Et je fais le clap !