RIFFX.Hebdo : Feel good avec Olivia Ruiz
On l’a connaissait comme une auteure-compositrice-interprète, chanteuse, actrice, réalisatrice… Désormais, elle peut ajouter romancière comme corde à son arc ! Cette semaine RDV avec la femme chocolat Olivia Ruiz avec RIFFX !
- Je gère, je gère.
- Quelle dextérité ! Olivia, on t’a connu chanteuse, te voilà écrivaine puisque oui tu as troqué le micro contre le stylo. Rime riche.
- Je commence par une marque de respect alors. Oui j’ai troqué pendant quelques mois, disons le format court, pour le format long !
- Désormais, il faudra mettre « Olivia Ruiz, chanteuse, auteur-compositeur, metteur en scène, actrice et finalement écrivaine.
- C’est vrai que dis comme ça, c’est un peu étrange, surtout qu’en plus tu as oublié demi-danseuse. Finalement chacune de ces choses en est une seule. Raconter des histoires, inventer des histoires, les incarner, les interpréter. Il n’y a que la forme qui change. Je me sens raconteuse, si ce mot existe en tout cas.
- Alors ce fameux roman, parlons-en. Qui d’autre mieux que toi pour nous le pitcher.
- « La commode aux tiroirs de couleurs » c’est l’histoire d’une femme qui reçoit en héritage, à la mort de sa grand-mère, une commode. Elle n’attend plus qu’à être dévoilée. Donc le temps d’une nuit, cette femme va ouvrir les tiroirs, les uns après les autres et trouver dans chaque tiroir un objet et une lettre qui va raconter un épisode de la vie de la grand-mère. J’ai fantasmé ces femmes qui avaient envie de transmettre parce que quelque part j’aurais bien aimé en connaître quelques-unes comme ça moi aussi sûrement.
- Est-ce que la musique t’as guidée aussi dans l’écriture, juste dans la mélodie des mots, dans le
- J’ai demandé à mes éditrices à ce qu’on relise le roman en entier à voix haute. Et c’était vraiment pour la musicalité, ça m’a permis de corriger au bistouri les endroits qui ne déroulaient pas. Sans le vouloir, la commode est une chanson de 200 minutes mais une chanson quand même de bout en bout.
- Tu l’imagines comment la BO de ce roman ? La BO qui pourrait accompagner la lecture ?
- C’est bizarre parce que la BO existe déjà finalement. J’ai abordé à peu près tous les sujets de la commode dans mes chansons. J’ai une chanson qui s’appelle « Question de pudeur » et qui est celle d’une femme qui s’adresse à sa grand-mère et qui lui dit sur son lit de mort « parle avant qu’il soit trop tard ». J’ai une chanson qui s’appelle « Quedate conmigo abuela » et qui dit aussi « comment cimenter la famille si nous n’avons pas le savoir sur notre histoire ? ». Il y a une chanson qui s’appelle « De toi à moi ». C’est une chanson qui est incroyablement écrite pour une personne qui quitte sa terre, même si ça n’était pas du tout le sujet.
- Est-ce qu’il y a justement des chansons, une BO, qui a accompagné tout ton process d’écriture ?
- Le deuxième album de Toan qui s’appelle « Madre Mediterranea ». C’est un album de dix portraits de femmes. Cet album il a probablement aidé aussi à construire mes personnages parce que ces femmes m’ont beaucoup ému, touché, autant que si je les avais confectionnées moi-même. Puisque je crois qu’il y a une sensibilité assez commune entre mon petit frère et moi. Donc, à bon entendeur !
- Et puisqu’on en parle, c’est un album sur lequel on te retrouve dans deux duos. Est-ce que tu peux me raconter l’histoire de ces titres qui questionnent là aussi l’identité et les racines ?
- Je chante sur « La femme de l’arabe ». C’est l’histoire d’une de nos cousines. Cette cousine est restée toute sa vie la femme de l’arabe. Jacques ne s’appelait pas Jacques mais s’appelait Mohamed. On l’a appris très tard. Et ensuite, « Les couleurs du village ». Qui est un peu le chapitre huit, neuf de « La commode aux tiroirs de couleurs ». Qui raconte cette vie qu’on a eu mon frère et moi puisqu’on a grandi dans un café. C’est quelque chose d’assez particulier. C’est aussi le sujet de la chanson « J’traîne des pieds ». Ce sont ces parfums-là, ces accents, ces gens généreux, authentiques. D’un coup ça ramène aux vraies valeurs, celles de la terre, celles de la simplicité et de l’entraide.
- Je crois savoir que dans ton cahier de texte de quatrième, tu avais noté « savoir d’où on vient pour savoir où on on va ». Est-ce que finalement, ça n’a pas été un mantrin, une leitmotiv de vie qui t’as comme ça suivi tout au long de ton œuvre artistique?
- Probablement plus que l’autre leitmotiv en-dessous qui était « Kurt je t’aime ». Qui m’a un peu moins suivi. Donc, oui bien sûr !
- Olivia, désolé mais tu n’y couperas pas, tout le monde l’attend depuis 2016, alors est-ce qu’un sixième album ?
- Bien sûr un sixième album ! Quand ? Je ne sais pas. Je ne dis pas que je n’ai pas des bouts de chansons qui commencent à naître, mais je ne promets rien non plus parce que cette liberté que j’ai gagné au fil des années, je la chérie et je l’aime donc peut-être que je re-danserai avant de faire un album, peut-être que je réaliserai la série « La commode aux tiroirs de couleurs ». Je n’en sais rien ! Mais en tout cas je ferai ce qu’il me fait le plus plaisir parce que quand on est dans le plaisir, on est aussi bien plus performant et que je dois bien ça à la chance que j’ai de pouvoir exercer tous mes arts depuis plusieurs années.
- Pour terminer, juste, tes mots préférés du roman, ce serait lesquels ? Est-ce que tu as une citation, ou une phrase ?
- J’ai attrapé mon petit garçon de quatre ans et demi en train de dire la première phrase « on a poussé les meubles et dansé toute la nuit dans un bain de larmes avec papy, ça nous a fait du bien ». Et cette petite voix charmante, en train de dire quelque chose d’aussi grave, c’était plutôt adorable donc voilà. Mais il y en a plein d’autres, ça aurait pu être une autre, c’est que celle-là est fraîche dans mon esprit.
- Merci beaucoup Olivia !
- Merci beaucoup.
- C’est parfait.
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