Mai
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Rappeur du 18e arrondissement de Paris, Cashmire s’installe doucement mais sûrement sur la scène du hip-hop française. A la découverte de ses titres, et de son premier projet Poeticghettosound, c’était une évidence qu’il fasse partie des lauréats de notre tremplin RIFFX We Love Green. Entre le Cameroun et le « 018 », et ses multiples influences musicales, ce jeune talent a créé un véritable univers dans lequel on prend goût à se perdre. Un artiste mature, inspiré et inspirant, qui se découvre du 3 au 7 juin 2020 lors du cyber festival We Love Green TV. Rencontre.
En vérité, je pense que j’ai jamais voulu faire de la musique. Je sais pas si c’est une passion qui m’a animé ou si c’est juste le cours de la vie. En 2017 j’ai commencé à aller en studio, totalement par hasard avec des potes. Et là je me retrouve à rapper devant le micro, avec l’autotune, ça me fait rire, et il a commencé à se passer un truc. La semaine d’après, je prenais déjà des séances tout seul mais je n’avais toujours pas envie de faire de la musique. Je découvrais juste un nouveau truc, comme quand tu joues à la Play et que tu découvres un nouveau mode. C’est quand j’ai rencontré mon ami Jackmaboy, un gars de chez moi, à force de rapper et d’aller au studio, j’ai commencé à me dire que je pourrais faire ça aussi (rires). C’est devenu un truc qui m’a plu avec le temps.
Quand j’ai commencé à faire mes premiers sons, il fallait un blase. Cashmire, ça m’est venu comme une vision. J’étais dans la rue des roses, en bas de chez moi, en train de faire mes petites affaires et j’écoutais mes sons, et le blase m’est venu en tête presque automatiquement. Au début c’était Cashmire Jasmin, mais Cashmire a tué Jasmin. Kendrick Lamar m’a donné envie d’avoir un nom composé, puis t’as Young Money et Cash Money Records. J’étais obligé de mettre « Cash », puis « mire », du cash dans la ligne de mire… Cashmire… Il y a un truc qui m’a paru évident. Ensuite on a commencé à m’appeler comme ça de manière naturelle c’est resté. Mes proches m’appellent Cash.
Grande majorité hip-hop, on va pas se mentir. Bonne culture hip-hop, je connais bien le rap français, je connais bien le rap américain. Je me vois comme un artiste, un pro activiste, quelqu’un qui est dans la recherche, et c’est le rap américain qui m’inspire techniquement. Mais en tant qu’auditeur j’aime autant le rap français. Après j’aime aussi les trucs de chez moi, genre le Makossa, avec JP M’Piana, des chanteuses de chez moi, Cash Money aussi bien sûr, Lil Wayne, Jay Z, T-Pain, Wiz Khalifa, Travis Scott… J’aime bien le rock aussi : Arctic Monkeys, King Krule… Louise Attaque, Michael Jackson, j’ai des goûts assez éclectiques. Et les musiques de ma maman : Gainsbourg, Aznavour, Brel, Cesaria Evora.
C’est la phase dans ma vie dont je te parlais au début : 2017, mes premières sessions studio, Cashmire. J’ai d’abord enregistré deux sons comme tout seul, Le parrain et Tam-Tam. Après avec mon gars Jackmaboy on a commencé à aller pas mal au studio. Il est sur un label du quartier JNR INDUSTRY avec Laza et BIO OG qui sont deux grands d’ici que je respecte beaucoup. On a passé pas mal de temps avec cette équipe, Jackma a pas mal insisté pour que je signe sur le label et ça s’est fait. Poeticeghettosound est la résultante de cette première année de studio, de premier contrat signé sur un label indépendant, la musique que je fais dans le 18e pour le 18e, avec aucune fin ou volonté de plaire à je sais pas qui. C’est une mixtape, la carte de visite de Cashmire, ma première palette de couleurs.
J’ai pas mal de chansons qui sont pas sorties. Je pense que je vais proposer un spectacle, depuis un studio du 18e, un truc proche des gens, si le format le permet. Aujourd’hui, la chance qu’on a dans l’industrie de la musique, c’est que la musique peut s’écouter de tellement de manières. Alors c’est sûr que t’as pas la scène, le frisson qui va avec. Je pense que ça va faire comme les footballeurs qui jouent à huis clos : on va faire un concert maison, avec de nouvelles chansons, c’est la musique qui parle au final. Si la musique est bonne les gens vont le sentir. Après c’est dommage pour les conditions dans lesquelles on vit, force à toutes les personnes qui traversent des moments difficiles en ce moment. Nous on est musiciens, ça nous empêche de faire des concerts mais on n’est pas les premières victimes.
C’est le calme, des trucs tout simples. Soit je suis seul dans mon coin en train de faire une prière, soit je suis avec mes proches et on se dit des belles choses.
Bien sûr. En termes de tremplins j’y connais rien, je sais pas quel tremplin t’emmène où, mais néanmoins c’est une bonne chose pour la culture. Ça fait qu’un mec comme moi peut te parler, à tous les gens qui nous lisent, et s’il y avait des concerts, ça m’aurait mis en avant. Ça aurait fait du bien à tout le monde. Alors oui c’est important. Je dis pas qu’il faut courir après les tremplins mais en tout cas il faut gagner tout ce que vous faites, ça peut que vous aider et j’ai du respect pour ceux qui en ont pour moi. Si le but de RIFFX c’est de faire découvrir des jeunes artistes comme moi qui sont bons, qui ont la dalle, qui font de la bonne musique, moi je suis totalement d’accord avec cet état d’esprit. Prenez les meilleurs, vous avez de bonnes intentions de faire connaitre ces artistes au mérite dans cette industrie de chiffres.
Restez branchés, il y a aura grave des nouveaux sons en 2020. J’en ai beaucoup sous le capot et c’est le moment de s’amuser un peu. On va attendre que le contexte soit un peu plus favorable. Plein de nouveautés, plein de chansons sur les relations, sur la rue d’un point de vue social. Le point de vue d’un jeune gars de rue avec plein d’axes de lecture. Plein de nouveaux flows, plein de nouvelles sonorités… J’ai les meilleurs compositeurs avec moi. Quand je vous dis de rester branchés, je suis sérieux.
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