Rap, urbain, électro : où sont les femmes ? Vol 4. Yseult

RIFFX continue son exploration du féminisme dans la musique urbaine et électro. Avec son dernier EP « Noir », Yseult propose une incroyable radiographie de l’âme et du corps au féminin, sous les commentaires élogieux des meilleurs : Angèle, Juliette Armanet, Stromae…Tout le monde aime Yseult.

 

Que raconte cet EP ?

C’est un EP qui me permet de prendre du recul et de poser des mots sur mes petits maux à moi. Et surtout le morceau « Corps » me permets de fermer un cycle avec mes petits démons du passé et de pouvoir enfin avancer le cœur léger.

 

Ce morceau bouleversant, c’est un cap pour vous ?

Au départ, c’est un morceau que je ne voulais pas sortir. Je n’aurais pas pu l’assumer il y a cinq ans par exemple. Je le trouvais trop intime, d’où ce titre…

 

Ça fait du bien de l’assumer aujourd’hui ?

Ça fait du bien d’être soi-même, de ne plus se mentir, de ne plus se cacher ou d’arrondir les angles pour pouvoir plaire aux gens.

 

Vous incarnez un certain féminisme, notamment sur scène mais aussi dans les morceaux. Comment vous situez-vous dans cet univers aujourd’hui ?

Le féminisme c’est un sujet qui me fascine et qui me bouleverse mais que je ne maîtrise pas. Je suis très curieuse. J’ai des amies qui parlent de féminisme ou qui manifestent dans la rue mais je n’ai pas encore cette sensibilité. Je ne me sens pas légitime d’en parler. C’est aussi une question de maturité.

 

Et pourtant avec Angèle, dont vous assurez les premières parties, vous faites partie d’une nouvelle génération de chanteuses qui s’assument et qui s’expriment haut et fort !

Je suis très reconnaissante envers Angèle parce que c’est une putain de meuf. Une meuf qui ne se laisse pas faire, qui avance juste en suivant son instinct. C’est bien de se sentir soutenue, poussée par une artiste qui a la même façon d’être que vous. C’était juste le coup de pouce qu’il me fallait.

 

Vous avez enregistré un duo avec Lord Esperanza. C’est rare les rappeurs qui enregistrent un duo avec des filles ?

Dans le rap, le procédé existe depuis toujours. Kenza Farah, par exemple, a fait beaucoup de featuring. Kelly Roland également. Aya Nakamura fait beaucoup de featuring avec Oboy notamment. Je pense que cela fait vraiment partie de cette culture. Alors que dans la variété, que j’aime beaucoup, c’est encore assez nouveau. Pourtant, un duo entre Soprano et Marine Kaye, c’est trop stylé. C’est un mélange, un choc des cultures totalement dingue. Je vois la variété comme une musique solitaire, très froide mais dans le bon sens du terme. Le rap est moins égoïste. Dans le milieu du hip hop, les femmes ont leur place.

 

Vous avez l’impression d’être plutôt bien accueillie dans ce milieu ?

C’est assez marrant parce que j’aurais adoré faire un featuring avec Vincent Delerm, qui fait partie de ma culture musicale. Et finalement, c’est Lord Esperanza qui m’appelle pour son projet. Mais je me suis rendue compte que cette culture rap, je l’ai aussi en moi. Et qui sait, peut-être qu’elle va m’amener jusqu’à Vincent Delerm !

 

Amandine Scherer

 

  • « Noir ». EP disponible (Believe)