Projet Garnier : Laurent Garnier reçu 5 sur 5 !

Le musicien français sort cinq maxis sur cinq labels différents et prouve une nouvelle fois sa capacité à se remettre en cause. House, techno, électro ambiant ou jazz, Garnier décide de mieux cibler son public et propose certainement ses meilleures productions même s’il s’en défend. Interview d’un vétéran toujours aussi intègre !

Comment est née cette idée de sortir tout au long de l’année votre musique sur des labels aussi différents que Still Music, Musique Large, 50weapons ou MCDE (le dernier étant secret) ?

C’est un questionnement sur la pertinence de sortir un album en 2014. Je me pose souvent des questions sur mon métier et son évolution. J’en avais déjà parlé avec mon entourage : mon booker (ndr : la personne en charge de trouver des dates de concerts) trouvait préférable d’avoir un nouvel album à défendre pour décrocher des dates mais tout le monde n’était pas d’accord. J’ai sorti cinq albums et je suis conscient aujourd’hui de mes forces et de mes faiblesses. Dans chaque album, j’aborde des styles différents (techno, house, rock, dub ou jazz) et cet éclectisme peut au final déstabiliser l’auditeur. Certains morceaux que je trouve pertinent sont restés dans l’ombre, noyés dans la masse. C’est le cas par exemple de Last dance@yellow, extrait de Tales of Kleptomaniac qui méritait une autre carrière. D’où l’idée de cibler mes productions.

Sur le papier l’idée est intéressante mais dans la réalité c’est une autre paire de manche, non ?

Oui, c’est une super prise de tête. Imaginez-vous aller voir un label et lui dire : « Voilà, je sors un maxi chez toi et dans un mois ce sera sur un autre label. » Au niveau contrat et promotion c’est extrêmement compliqué ! Mais si tout s’est bien passé c’est grâce au premier maxi sorti chez Still Music. Jérome Derradji, le boss, est un vieil ami. Nous étions à Chicago, j’ai joué mes titres en club et le lendemain il m’a demandé s’il pouvait les sortir. On a donc pu élaborer un contrat type, qui nous a servi de modèle pour les autres. L’histoire était partie !

Que ce soit au niveau de la house chez les Américains de Still music, de la techno chez les Allemands de 50 weapons ou de l’électronica chez les Français de Musique Large, on sent chez vous une maîtrise aiguisée de la production et une plus grande cohérence…

Pourquoi une plus grande cohérence ? Je ne suis pas d’accord avec ce constat. Ce qui vous donne cette impression c’est justement parce que sur maxi, j’ai travaillé un style différent. Mais si on pioche certains titres dans chacun de mes disques et qu’on les regroupe par genre, on retrouvera cette cohérence ! C’est uniquement une question d’agencement. Le maxi chez Musique Large est dans la continuité de mon travail pour les ballets de danse d’Angelin Prejlocaj ou de Pietragala. Pour 50 Weapons c’est plutôt l’époque Wake Up. Et le prochain maxi, chez MCDE, sera ma touche jazz avec même des influences jazz éthiopien. Comme quoi ce « Projet Garnier » a visé juste en remettant en avant la musique. Tout cela va permettre aux gens d’y voir plus clair !

Que va t-il se passer au final avec tous ces titres dispersés sur ces labels ?

Moi, je n’aime pas aller coucher à droite et à gauche ! L’idée est donc à la fin de l’année de proposer un objet qui va réunir tout ce beau monde. L’idée est quand même de raconter une histoire cohérente. Bien entendu il y aura pas mal de surprises. Ce sera un véritable album. Vous êtes les premiers à qui je l’annonce !

Propos recueillis par Willy Richert


MUR DU SON : MOS

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