Que se passait-il d’intéressant le 14 avril 1988 ? Un accord inespéré entre Soviétiques et Afghans pour un retrait des premiers du pays des seconds ? François Mitterrand prêt à rempiler pour un bail de 7 ans à l’Élysée ? Non, rien de tout ça. Le 14 avril 1988 sortait dans les bacs le deuxième album de Public Enemy, It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back.

Les premiers convertis au Hip-Hop se passaient déjà les copies du premier opus du plus anarchiste des groupes de rap US. Mais avec cette deuxième livraison, ils allaient tous rester, au sens littéral et de la 17ème lettre de l’alphabet, sur leur postérieur. Chuck D, Flavor Fav et leurs acolytes venaient tout simplement de pondre un chef d’œuvre.

L’album commence toutes sirènes hurlantes et ce n’est pas une figure de style. La couleur rythmique est le fruit d’une maîtrise absolue des boîtes à rythmes, du scratching et du sampling. Rien que pour le titre Night Of The Living Baseheads, on compte 24 samples ; 9 pour le mythique Bring The Noise. Et n’allez pas croire que Public Enemy s’est contenté du répertoire de la Black Music ! On croise aussi Slayer et David Bowie, à côté de l’inévitable James Brown, d’Aretha Franklin et même de collègues rappeurs de l’époque, RUN-DMC et les Beastie Boys.

Outre les compos, qui de l’aveu même du coproducteur Hank Shoklee seraient impossibles à refaire aujourd’hui à cause des droits d’auteur, les textes envoient du lourd. Entre deux barres de rire du clown Flavor Flav, Chuck D déroule un discours fait d’uppercuts et de dénonciations. Racisme, ségrégation, mercantilisme, médias inféodés au système, tout ce qui peut énerver un noir américain en cette fin des années 80 est passé en revue. Et ça en fait, des choses à dénoncer…

It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back ne va pas donner à Public Enemy que ses lettres de noblesse, cet album va rester dans l’histoire de la musique contemporaine comme l’un des seuls albums rap à avoir mis tout le monde d’accord. Kurt Cobain écrira dans son journal intime qu’il fait partie de ses 50 albums préférés. En 2003, Rolling Stone Magazine le classe à la 48ème place de son classement des 500 plus grands albums de tous les temps. Et l’on est en droit de se demander si le son de nos NTM et autre Assassin n’aurait pas été différent sans lui…

Mais, comme le dit très bien le morceau Don’t Believe The Hype, ne nous laissons pas endormir. Allumons les sirènes, sortons les Doc Martens basses et hâtons-nous d’ajouter It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back de Public Enemy dans la playlist #LP_Story_by_RIFFX !