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L’adieu du groupe mythique Pink Floyd est sorti sous la forme d’un album inattendu « The Endless River », officiellement hommage à leur clavier Richard Wright, disparu en 2008. Mais il s’agit bien de l’ultime disque de la formation qui est devenu en presque cinquante ans une pierre d’angle de l’histoire du rock et une inspiration pour moult artistes à travers le monde.
Pink Floyd aura donc connu de nombreux chaos et virages en trois périodes distinctes. Il y a d’abord eu l’ère Syd Barrett, mélange de blues et de rock psychédélique qui s’achèvera en 1968 avec l’éviction du chanteur rendu trop instable par les drogues. S’ensuivra l’ère Roger Waters qui prendra alors le micro jusqu’en 1985 (sans pour autant lâcher sa basse) et fera connaître au groupe le rock progressif et ses plus grandes heures de gloire avec les albums « The Dark Side of the Moon » (1973), « Wish You Were Here » (1975) ou encore « The Wall » (1979). Puis enfin c’est David Gilmour, le guitariste de la formation, qui devient l’ultime chanteur, inséparable des deux derniers membres d’origine, le batteur Nick Mason et le claviériste Richard Wright. Ce dernier disparaît en 2008 suite à un cancer et l’on pensait à juste titre qu’avec lui sonnait le glas du mythique chemin. Mais il leur restait visiblement une dernière rivière à traverser, sans fin selon le titre. Une éternité à lancer en quelque sorte. Le quinzième album de ce parcours sinueux.
Hommage à Richard Wright
En réalité « The Endless River » a pris sa source bien avant aujourd’hui, lors des sessions d’enregistrements de « The Division Bell » en 1994. Ce sont sur les parties mises de côté à ce moment-là que se sont penchés les deux survivants des conflits et de la vie, Gilmour et Mason. Une manière de continuer à faire jouer Rick Wright avec eux tout en lui rendant hommage : l’homme des claviers s’y taille la part belle à titre posthume. Dix-huit titres divisés en quatre parties, quasi tous instrumentaux, couvrant à qui sait bien y entendre de nombreuses périodes Pink Floyd dans les références. Les deux complices ont rajouté, repris, superposé, joué de nouvelles parties. Waters le frère ennemi n’a pas été invité mais le Louder Than Words qui clôt l’ensemble, unique chanson présente, semble saluer le groupe et son histoire sans amertume ni regrets. We bitch and we fight / Diss each other on sight / But this thing we do […] / It’s louder than words / The sum of our parts / The beat of our hearts / Is louder than words chante Gilmour pour terminer l’incroyable saga Pink Floyd ( Nous râlons et nous nous battons / Nous insultons l’autre à vue / Mais ce truc que nous faisons […] / C’est plus fort que les mots / La somme de nous tous / Le battement de nos cœurs / Est plus fort que les mots. Une façon de saluer le trajet musical sans plus prendre en compte les tourmentes, les procès, les évictions des uns et des autres.
La rivière sans retour
Malheureusement, aussi touchant soit l’arrivée inespérée de cet ultime album et aussi émouvante soit son intention louable, la révérence de Pink Floyd ne restera pas musicalement dans les annales. Le plaisir tient à l’odeur de madeleine de Proust, à la nostalgie qui nous étreint à l’écoute, bien plus qu’à une réussite artistique en soi. « The Endless River » se porte pourtant bien : première vente dès son arrivée en Angleterre et en France, elle prouve l’amour indéfectible porté à ce groupe mythique. L’histoire retiendra son nom, son apport et sa considérable influence. Et l’adieu donne surtout une furieuse envie de se replonger entièrement dans le « Live de Pompéi » de 1972, de se regarder à nouveau l’immense show de « The Wall à Berlin » en 1990, de se réécouter entièrement le côté sombre de la lune ou le concert de Ummagumma. Au revoir Messieurs. Et merci pour tout.
Marjorie Risacher
Découvrir :
Pink Floyd – Louder Than Words
Crédit Photo : © Albert Watson
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