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En l’espace d’une décennie, elle est devenue une des plus grandes divas de la pop américaine, dans ce qu’elle a de plus follement romantique.
L’un de ses premiers disques s’appelait Lana del Ray A.K.A Lizzy Grant… Juste avant la consécration express de Born to Die, l’un des trois albums féminins à être resté plus de six ans dans le classement du Billboard. Côté titre, on y était presque : Lana del Rey est née Elizabeth Woolridge Grant le 21 juin 1985 à New York.
Depuis l’enfance, elle chante. Sa grand-mère, elle-même dotée d’une belle voix, la conseille. Lizzy ne prend pas de cours et apprend à moduler son timbre au fil d’une adolescence difficile : ostracisée par ses camarades de classe, elle développe vite une addiction à l’alcool et, une fois soignée, s’inscrit en fac de philosophie. C’est lorsqu’elle travaille comme bénévole dans une réserve indienne qu’elle se décide à se lancer dans la musique. Ses parents, en particulier son père qui travaille dans les noms de domaine sur Internet, la soutiennent. En 2007, elle signe un contrat, se rapproche de New York, sort un album sous le nom de May Jailer, et façonne sa musique, son image et, finalement, son nom de scène, qui convoque l’actrice hollywoodienne Lana Turner, les plages californiennes et la Chevrolet Delray. Lizzy compose ses morceaux à la guitare, appris en autodidacte avec son oncle, performe dans des clubs à moitié vides, doute beaucoup, mais sait qu’elle ne peut faire autre chose… jusqu’à ce qu’elle rencontre son manager, Ben Mawson. Il aime son allure, ses clips cinématographiques bricolés avec des vidéos fouillées sur Internet, tel « Video Games », posté alors qu’elle vient de rentrer dans l’écurie de Polydor.
2011, c’est l’explosion : 15 millions de vues sur YouTube, une première date à l’Olympia. Parce que Lana del Rey a tout de la star(lette) d’antan, apprêtée et sorcière sur les bords, langoureuse et romantique, fan de Marilyn Monroe comme de Kurt Cobain, des Doors ou de Nancy Sinatra, que ses chansons mélancoliques vont droit aux tripes, et, last but not least, qu’elle symbolise le rêve américain et la résilience. Pourtant, on la critique très vite. Sa famille est trop aisée, ses lèvres sont trop gonflées, elle n’a pas le talent qu’elle semble avoir, etc. La chanteuse persiste et signe avec Born to Die, en 2012, premier album officiel qui dévaste tout sur son passage. Et, contredisant les mauvaises langues l’imaginant alanguie sur un transat de Malibu Beach, ne cesse d’écrire et de composer depuis : Ultrraviolence, en 2014, Honeymmon, en 2015, Lust for Life, en 2017… Alors que le soufflé pourrait retomber, Lana del Rey surprend et épate la galerie avec Norman Fucking Rockwell!, en 2019 : mélodies, textes, identité visuelle, tout est irrésistible. En 2021, elle s’offre le luxe de deux albums, Chemtrails Over the Country Club et Blue Banisters… avant, cette année, de cultiver sa nostalgie hollywoodienne avec Did You Know That There’s a Tunnel Under Ocean Blvd. À chaque fois, la pop est orchestrale, hyper référentielle, pioche dans le folk, l’americana, le rock’n’roll, le hip hop ou encore le R’n’B. Lana est une diva comme il y en a peu aujourd’hui, qui conjure sa vague à l’âme en chantant ses déboires sentimentaux.
En l’espace de deux minutes, son concert à l’Olympia du 10 juillet 2023, annoncé par surprise et dont la billetterie est mise en ligne une semaine auparavant, est complet. 40 000 personnes sont en liste d’attente, de quoi remplir plusieurs stades – forcément, cela fait des années que la musicienne américaine ne se produit pas en France et annule ses dates prévues. La promotion, elle la réduit au minimum : se premières années d’interviews ont été trop humiliantes pour qu’elle prenne le risque d’être déstabilisée par des messieurs condescendants. Ce soir-là, c’est dans un décor de cabaret à la fois intimiste et pop que Lana del Rey envoûte le public parisien, le transportant dans l’étrange urbanité de Los Angeles, terre d’adoption et d’inspiration de Lana del Rey. Laquelle fascine non seulement par sa voix, mais aussi par la femme qu’elle est devenue, qu’elle a façonnée et modelée au fil de son vécu amoureux et artistique.
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