Les Balades sonores. Sur les chemins de l’indépendance

Vous avez certainement déjà croisé le chemin des Balades Sonores : une petite boutique sur un stand dans un festival, un dépliant proposant une sélection de nouveautés indépendantes (pop, rock, électro, souvent françaises), des disques soigneusement choisis et édités et maintenant une boutique dans le 9e arrondissement de Paris, la structure multiplie les activités. La mission ne change pas : soutenir des artistes indépendants, souligner le dynamisme d’une scène musicale au sein d’un secteur pourtant fragile. Toma Changeur a fondé la structure, il en détaille les activités, pour Riffx.

Pouvez-vous nous présenter les Balades Sonores ?

C’est une histoire qui a dix ans et qui a évolué sous différentes formes. D’abord au sein d’une petite agence de communication, dont l’activité principale était le street marketing, où je travaillais en tant que commercial. On a eu l’idée, avec mon boss, de développer un petit réseau alternatif, avec des sélections musicales, et de trouver des lieux de diffusion autres que les salles de concerts ou les disquaires. On avait mis en place un réseau de bornes à écrans tactiles, où il y avait tous les mois une sélection musicale. Ça s’appelait les Boutiques Sonores. On a ensuite commencé à organiser des concerts. Quand cette agence s’est arrêtée, il y a maintenant quatre ou cinq ans, on a monté une association, toujours appelée les Boutiques Sonores, pour organiser des concerts mais aussi lancer notre petit label, afin de soutenir des artistes comme La Féline, Thos Henley, This is the hello monster ou Every man has your voice. Avec toujours des sélections musicales mensuelles, sous forme de petits dépliants, qu’on retrouve un peu partout : sur les festivals, à Paris devant les salles de concert ou en dépôt dans de nombreux lieux. En février 2012, on a tout remis à plat, en termes de communication et d’identité. On a gardé le même esprit mais en basculant vers le nom Balades Sonores. On a ouvert la Fabrique Balades Sonores, un lieu qui nous a donné davantage de visibilité. On continue notre activité itinérante sur les festivals ou les concerts partenaires (on retrouve ces petits stands avec les sélections musicales) mais on a désormais notre lieu, avec une sélection musicale élargie. On a beaucoup de vinyles, dans différents styles : pop, rock, folk, électro mais aussi des musiques de films, du jazz, du hip-hop ou des musiques du monde. Et on y organise des showcases tous les jeudis et le premier dimanche du mois. On organise aussi des concerts, comme récemment au Divan du monde. Et on organise aussi notre festival, le Bittersweet Paradise (en juillet), qui se tient à Paris dans plusieurs lieux, avec une programmation qui fait la part belle aux artistes en développement.

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Votre champ d’action est essentiellement parisien ?

Oui, dans la mesure où on est à Paris et que beaucoup de choses s’y passent. Mais dès qu’on le peut, on s’échappe. On continue à développer des partenariats avec des festivals et on a des liens forts avec des villes comme Dijon, Vendôme, Lyon ou Lille. Des gens qui ont un temps travaillé avec nous à Paris et qui vivent désormais dans ces villes nous aident à monter un concert ou faire des stands sur des concerts partenaires.

Quel est le modèle économique des Balades Sonores ?

Il y a deux structures qui servent le collectif Balades Sonores. Il y a d’abord une association, dédiée aux concerts et au label. On essaie au moins d’équilibrer les choses : si elle ne perd pas d’argent, tant mieux. Et puis il y a une structure commerciale, pour développer tout ça, essayer de gagner de l’argent pour le réinvestir et nous payer nous-mêmes. C’est avec cette structure qu’on a ouvert la boutique. Elle abrite aussi nos activités de street marketing, la distribution de flyers et d’affiches pour tous les gens avec qui on travaille. Cette activité ainsi que la vente de disques ramènent de l’argent.

Est-ce qu’il y a dans ce projet une part de militantisme ?

Oui. Ce n’est pas calculé mais c’est inhérent à notre mode de fonctionnement et à ce qu’on veut faire. On essaie de combler un manque de solidarité entre les différents acteurs du milieu musical français. Avec notre façon de travailler, on créé des liens assez forts avec ces acteurs mais on voit bien qu’il y a un problème de chapelles. Chacun est dans son truc. On se mélange, mais uniquement par intérêt. Du coup, on dérange parce qu’on n’a pas une seule étiquette affirmée.

Comment percevez-vous l’évolution du milieu musical ces dernières années ?

C’est difficile de répondre parce qu’on embrasse un peu tous les métiers sans être spécialisé dans aucun. Il me semble que depuis deux ou trois ans, les choses sont plus excitantes, du fait même de la difficulté de ces métiers. Il y a de plus en plus de structures et de plus en plus d’interactions entre elles. Il est en train d’éclore énormément de petites structures pluridisciplinaires. C’est complexe et difficile à suivre mais c’est aussi excitant.

Vincent Théval

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