Les aventures extraordinaires de Björk

En dix albums, Björk a développé un univers unique où la pop se mêle à l’avant-garde.

Björk, la fée verte

Non seulement Björk s’est toujours ressourcée sur son île pour trouver l’inspiration, mais elle a fait de ce lien fort à la nature une source de création et de militantisme. Son plus grand combat reste la défense du patrimoine naturel islandais. En 2008, Björk compose le titre Náttúra avec Thom Yorke, le leader de Radiohead, au moment où les ressources de son pays (sources d’eau chaude et minerais) sont menacées par les projets de grandes compagnies étrangères. Son engagement s’est conclu en 2011 par un karaoké de trois jours à Reykjavik qui a fait reculer le gouvernement islandais. Aimer le vivant, c’est le sens latin de Biophilia, son album le plus écolo. Dans ses clips, Björk chante le futur de la terre. Ses derniers clips la représentent dans une nature préservée, au milieu de laquelle elle s’ébat dans des « costumes fleurs » !

Une artiste précoce

Elevée dans une communauté hippie, Björk Guðmundsdóttir (c’est son vrai nom) est vite plongée dans le grand bain de la musique. A 6 ans, elle apprend le piano et la flûte, et dès l’âge de 11 ans, elle sort un premier album avec des compositions et quelques classiques repris en islandais dont le Fool on the Hill des Beatles, qui devient Álfur Út Úr Hól ! Oui, c’est un peu plus guttural, mais l’album se vend à 5000 exemplaires, ce qui, à l’échelle de l’Islande, en fait son premier disque d’or. Adolescente, elle a déjà sa frimousse d’elfe rebelle, du tempérament, une voix singulière et des influences aussi bien punk que jazz ou classique, de quoi lui assurer un premier succès international avec The Sugarcubes, le groupe de ses jeunes années, avec lequel elle sort trois albums.

Un ovni sur la scène pop

En 1992, Björk s’installe à Londres. Debut, son premier véritable album solo, enregistré avec Nellee Hooper, le producteur de Massive Attack, se vend à trois millions d’exemplaires, ce qui lui vaut d’être « la révélation féminine de l’année » aux Brit Awards. Ses disques suivants la propulsent dans le top 5 des artistes qui dominent la scène pop. Même le monde du cinéma ne lui résiste pas : en 2000, elle obtient le prix d’interprétation féminine à Cannes pour son rôle dans le film Dancer in the Dark. A l’image et au son, Björk s’entoure des artistes les plus avant-gardistes. Chacune de ses apparitions devenant une expérience surprenante. Sur l’album Biophilia, elle fait fabriquer une pendule de neuf mètres utilisant la gravité pour produire des sons ! Pour Björk, l’émotion naît de l’expérimentation, d’où la naissance, sur son dernier album, d’un paradis imaginaire baptisé Utopia. L’Islandaise y chante l’amour retrouvé en faisant comme personne le grand écart entre nature et images en 3D, programmations électro, flûte et chants d’oiseaux.

Christophe Crénel