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Largement inspiré par une tournée à travers les États-Unis d’Amérique, la bande de Marlon et Sacha lâche le français et l’espagnol pour un album (presque) entièrement en anglais, le temps d’un hommage à leurs racines rock’n’roll – mais toujours synthétiques.
Après une décennie de carrière bien pleine, le groupe français, emmené par Marlon Magnée et Sacha Got, vient enfin combler un vide qu’on aurait cru rempli depuis un bon moment : l’épreuve de l’album en anglais. Il aura donc fallu attendre leur sixième album, des incartades hispanophones dans la musique latino-américaine, un disque live et un autre d’obédience caribéenne avant de pouvoir goûter au délicieux accent franchouillard des deux leaders de La Femme dans la langue de Shakespeare.
Si l’envie de s’ouvrir à un public anglophone rencontré à l’occasion d’une longue tournée à travers les USA n’est pas étrangère à cette décision, Rock Machine est avant tout né d’un désir de renouer avec l’urgence rock de leurs débuts en 2013 avec Psycho Tropical Berlin. Du propre aveu de Marlon et Sacha, le groupe se languissait de retrouver l’énergie du rock’n’roll ayant façonné leurs jeunes années et les solos de guitare essaimant les saillies postpunk synthétiques de leurs premiers morceaux. Quoi de mieux alors que de s’essayer enfin – malgré un accent à couper au couteau – à la langue de la musique qui a durablement influencé les disques de La Femme ?
Complètement affranchi des modes musicales du moment, La Femme se lance donc dans sa conquête de l’Ouest en replongeant tête baissée dans la cold wave, la new wave et les influences yéyé (devenues rockabilly pour l’occasion) de leur adolescence passée à écumer les bars parisiens de Pigalle et Strasbourg-Saint-Denis (à qui ils disent ironiquement au revoir sur l’euphorisant Ciao Paris ! en franglais). Un au revoir sûrement temporaire à la capitale qui permet à toute la bande de s’immerger complètement dans un imaginaire anglophone fantasmatique où la science-fiction des années 1980 (synthwave rétro à l’appui) croise les bandes originales de westerns-spaghettis des années 1960-1970, les mélodies détraquées de Suicide se mélangent à l’euphorie de Madchester, du ska ou des clubs punk de Londres, pour l’album le plus récréatif de La Femme depuis leurs débuts.
Profitant enfin de la musicalité de la langue anglaise, le groupe s’autorise tous les caprices ainsi rendus possibles : soliloque de crooner de bar mal éclairé (Yeah Baby), hymne à refrains minimaux de stade de football (I Believe in Rock and Roll) ou morceau sous vocoder robotique. En résulte cet album-somme à la fois de la carrière de La Femme mais aussi de notre imaginaire de la musique outre-Manche et outre-Atlantique, une sorte d’album rêvé. Le fantasme d’un groupe français qui s’imagine en rockstars anglophones avec tout ce que cela suppose d’ironie mordante, de jeux de rôles et de pistes musicales.
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