Joan As Police Woman. La classe soul

Elle a eu d’autres projets et d’autres groupes avant, mais c’est avec Joan As Police Woman que l’Américaine Joan Wasser s’est pleinement épanouie, dans un registre à mi-chemin entre rock et soul. Sur son quatrième album, l’excellent « The Classic », la compositrice et chanteuse fait un pas de plus vers une soul élégante et libre.

Plus encore que les précédents, votre nouvel album a des tonalités très soul. C’est une musique qui vous est familière depuis longtemps ?

J’ai toujours écouté de la soul. Quand j’étais petite, j’entendais les Jackson 5 ou Diana Ross à la radio, à un âge où on ne se pose pas de questions de style. Après, j’ai découvert la new wave ou le punk rock pour finalement revenir à la soul et au R’n’B. Et une fois que je m’y suis replongée, impossible d’en sortir. C’est la musique qui m’est la plus familière. J’écoute aussi des artistes plus modernes, comme Mary J Blidge, Frank Ocean ou Kendrick Lamar.

Quand vous écrivez une chanson, avez-vous une idée précise de la façon dont vous voulez qu’elle sonne ?

Quand j’écris – au piano ou à la guitare – le premier objectif est de laisser sortir la chanson. Il s’agit juste de poser les bases. Après, viennent les idées d’arrangements, de chœurs etc. Comme pour tous mes albums précédents, on a enregistré les bases de The Classic dans des conditions live, où les musiciens jouent ensemble, dans la même pièce. Mais cette fois-ci plus que les autres, je voulais vraiment capturer le son que le groupe a sur scène, avec quelque chose de plus direct et « rentre-dedans ».

On y trouve quelques chansons très longues, qui sortent du format habituel. Est-ce un signe de confiance en soi ?

Oui, très clairement. Par le passé, j’aurais raccourci ces morceaux. Là, je laisse se développer leur dimension instrumentale. C’est comme ça qu’on procède : une fois que la partie très structurée de la chanson est terminée, on continue à jouer, parce qu’on le sent bien. Et au lieu de supprimer ces parties-là en me disant que l’auditeur allait s’ennuyer, je les ai gardées. Je les aime, pourquoi l’auditeur ne les aimerait-il pas aussi ? J’ai longtemps voulu aller dans cette direction et c’est en essayant que l’assurance est venue et que j’ai arrêté de me censurer. J’écoute aujourd’hui davantage mes envies.

Vous avez collaboré avec Rufus Wainwright, Antony, Joseph Arthur… Est-ce qu’il se dessine, là, une famille musicale ?

Oui, certainement. Ces gens ont été très importants pour moi, musicalement mais aussi humainement. Joseph Arthur m’a accompagné depuis mon premier EP et apparaît sur chacun de mes disques. Sa liberté artistique est une vraie source d’inspiration. Antony comme Rufus m’on soutenue, simplement en me disant que ce que je faisais était bon. Entendre de tels encouragements de la part de gens que tu respectes beaucoup, c’est très important.

Vincent Théval

Découvrir :

Joan As Police Woman – Holy City (session acoustique)

Crédit Photo : © Shervin Lainez

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