Jean-Louis Murat & The Delano Orchestra : Babel

Jean-Louis Murat et le groupe de folk-rock indé mené par Alexandre Rochon partageaient une certaine forme de poésie et surtout des origines bien ancrées en Auvergne. Cela a suffi pour que les seconds au service du premier construisent une tour commune, un double album qui tendrait à trouver une voie(x) partagée. L’inverse de l’histoire narrée dans les écritures en quelque sorte.

Murat s’est donc acoquiné avec les jeunes parmi les plus talentueux de sa région, délaissant les arrangements des deux disques au septuor. De Delano Orchestra on retrouve bel et bien les ingrédients favoris : des cordes et des cuivres. Mais pour le reste, la bande à Rochon s’est appliquée avec succès à proposer des habits sur mesure pour les chansons de leur aîné en s’éloignant de ce qu’ils font habituellement. La réussite de Babel » tient d’ailleurs en grande partie à ce cadre musical délicat que l’on aurait pourtant voulu parfois moins obéissant. Pour le reste, Murat reste égal à lui-même, sachant tisser des mots pour narrer des contes et légendes, des petites histoires du quotidien ou des grands sentiments plus universels avec pour décor immuable son Puy-de-Dôme natal. Les lieux cantonaux et la nature hypnotisante essaiment la quasi-totalité des titres, hébergeant des métaphores troubles et poétiques. Mais Murat garde également son plus gros défaut : le monsieur est bavard. Les vingt titres souvent longs (Mujade Ribe affiche même une durée de presque 9 minutes à lui tout seul) n’arrivent malheureusement pas à éviter l’écueil de la lassitude. Des morceaux dont on aurait pu se passer pointent le bout de leurs notes et on ne peut s’empêcher de penser que plus de concision aurait fait gagner de plusieurs crans les hauteurs atteintes. Babel restera cependant une pierre d’angle dans l’impressionnante discographie du chanteur qui prouve en beauté que le nombril du monde peut se nicher dans des endroits insoupçonnés.

Marjorie Risacher

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Jean-Louis Murat – J’ai fréquenté la beauté