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A l’occasion de la sortie de son septième album solo, Refaire danser les fleurs, Julie Zenatti a accordé à RIFFX une interview fleuve dans laquelle elle se dévoile en toute intimité. Le procédé de création de son nouvel album, l’échange bienveillant qui dure avec ses fans, un regard sur la longue carrière, son premier concert avec InLiveStream le 4 février depuis La Scala… Julie Zenatti revient sur sa carrière unique, en attendant de la retrouver sur scène prochainement. Rencontre.
Refaire danser les fleurs est né de l’envie de faire un album qui fait du bien et qui rassure. Pour ce faire, je me suis beaucoup inspirée de la musique que j’entendais chez moi quand j’étais petite : ce que j’appelle la musique de mes parents. C’était France Gall, Michel Berger, Véronique Sanson, Daniel Balavoine… Beaucoup de chanteurs français qui ont marqué une époque et qui vivaient finalement dans le salon de mes parents. J’aime particulièrement cette musique parce qu’elle est intemporelle, avec des voix que j’aime, des mélodies et des harmonies qui sont toujours surprenantes et qui vous enlacent assez tendrement. Quand j’ai commencé à travailler sur cet album, j’ai été cherché ce genre d’harmonies avec mon piano, et après j’ai déroulé le fil.
Tout simplement en commençant par travailler avec des gens que j’aime bien comme Vincent Brion et Nino Vella. On a sorti Tout est plus pop et Comme un pirate en mer, deux chansons dans des tempos différents, mais qui en même temps ont cette couleur commune. Ça nous semblait être les deux pendants de l’album. On a donc construit autour de ça, en plusieurs étapes quand on le sentait. Par exemple, Tout est plus pop a presque 3 ans ! On s’est revu plusieurs fois, autour d’un piano ou d’une guitare, dans un café pour écrire… Vincent a été mon binôme sur l’écriture de l’album. Ensuite, on distillait les paroles à nos deux-trois compositeurs qui avaient bien compris l’univers, l’endroit où j’avais envie d’aller.
La thématique de la chanson est finalement ce pour quoi je fais de la musique, c’est-à-dire passer un moment dans la vie des gens. C’est une chanson qui s’adresse au public dans sa globalité, je chante pour lui et pour qu’il ait envie de partager un moment avec moi. C’était donc naturel que l’album s’appelle comme ça.
Comme un pirate en mer est une chanson que j’aime particulièrement parce que ça a été la première balade qu’on a faite. C’est une chanson sur l’amitié, j’aime le fait qu’on ait beaucoup joué avec les mots et qu’on ait trouvé cette image de pirate qui vole un trésor, le trésor étant l’amitié. Je trouvais ça très naïf, poétique et très vrai finalement. Après il y a mon duo avec Rose que j’aime beaucoup, j’adore Rose, je suis hyper heureuse qu’on ait réussi à faire ça ensemble.
Tout est plus pop est une bonne carte de visite. Avec le texte on comprend déjà la démarche artistique, il y a ce côté très second degré assez important pour moi aussi. Au-delà du fait que je sois une chanteuse à voix, j’ai quand même de l’humour et je trouve ça chouette qu’on puisse le retrouver dans une chanson, sans que ce soit caricatural. Cet album est pop au sens « populaire » du terme, aussi bien dans la thématique que musicalement.
Alors oui et non, j’aurais tendance à dire que la meilleure façon de découvrir un artiste c’est de venir le voir sur scène. Après évidemment, avec les réseaux sociaux etc., l’image a pris une part importante et je crois que les gens accèdent aussi à la musique grâce à l’image qui est un moyen de nourrir un imaginaire peut-être trop sollicité. Parfois il y a besoin de pousser la signification des chansons avec des images. Je l’ai fait par plaisir pour cet album en bossant avec le photographe Slam, que j’adore et qui est un ami. On a monté toute cette séance en mode jeu. On ne savait même pas si au bout du compte on arriverait à en sortir quelque chose de pertinent. Ce qui me plait dans le shooting c’est qu’il y a en même temps ce côté vintage et un côté très graphique, très contemporain et moderne. Si j’osais je me définirais comme ça : un peu vintage et au goût du jour.
Je trouve que j’ai eu de la chance de faire mon métier pendant vingt-deux ans, c’est une longue carrière, avec ses hauts et ses bas, ses remises en question, avec des moments plus faciles que d’autres… mais bon c’est le principe d’une carrière. Une carrière, c’est une vie en fait. Je porte un regard assez bienveillant sur celle-ci, je ne vais pas me plaindre, ça fait tant d’années que j’ai un public plus ou moins nombreux qui me suit. J’ai vécu plein de premières fois incroyables et j’ai encore la chance que même les secondes ou troisièmes fois, il y ait encore un public présent pour m’écouter.
C’est très souvent ma rencontre avec les gens qui a fait basculer les choses. Je suis quelqu’un d’assez timide. Quand j’ai commencé Notre-Dame de Paris, le premier soir je ne voulais pas monter sur scène car j’avais peur de voir les gens dans la salle. On m’a poussé, et quand je suis montée sur scène et quand j’ai senti l’écoute, l’attention, la curiosité qu’il pouvait y avoir à l’égard de cette jeune fille que j’étais, tout de suite ça m’a interloquée. Ça a touché quelque chose de l’ordre du plaisir chez moi et ça a commencé à créer cette addiction que j’ai avec les gens et la scène. De façon plus générale, à chaque fois que j’ai fait un disque et essayé des choses, j’ai été portée par le regard bienveillant du public. Tous ces regards m’ont donnée assez confiance pour continuer et repousser mes limites, c’est assez fou. Par exemple, le premier concert que j’ai fait pour Blanc, avant que l’album ne sorte, tous les gens s’étaient habillés en blanc et avaient des ballons blancs. Ce public qui me suit a tout à fait conscience de l’importance et du cœur que je peux mettre dans mon travail. Et ça c’est une reconnaissance incroyable. Il ne m’aime pas parce que je suis jolie, intelligente ou j’en sais rien – toutes ces choses pour lesquelles on nous juge de manière générale alors qu’on devrait nous juger sur notre qualité artistique – eux sont toujours bienveillants par rapport à ce que je propose artistiquement. Ils aiment ou ils n’aiment pas, ils adhérent ou ils n’adhérent pas, mais ils m’ont toujours octroyé le droit à l’erreur. C’est vraiment incroyable de vivre ça avec les gens. A des moments où je pensais avoir fait le tour, où je n’avais plus rien dire, où je me pensais un peu has been, ces personnes ont toujours su me faire une petite place dans leur vie et m’ont redonné envie de faire des chansons. C’est l’essence même de mon taff.
Je suis hyper excitée de présenter l’album aux gens. Après je me demande comment ça va se passer car d’habitude je fonctionne avec l’énergie du public, là il sera virtuel. Aujourd’hui je veux me faire violence pour que ce moment soit un moment de bonheur, de partage et une parenthèse comme un souffle qui nous manque, parce qu’on manque de libertés… On vit un truc qui est complètement dingue. Ce n’est pas forcément le type de concert qu’on peut imaginer quand on aime un artiste, mais les gens me le disent : ils sont contents d’avoir ce rendez-vous. L’important c’est de prendre un rendez-vous, de s’adapter à la situation et de faire en sorte que même si on nous considère comme « non essentiel », la musique puisse entrer à nouveau chez les gens.
Comme on va manquer de proximité sans le public dans la salle, ça va être un peu différent. J’avais envie de créer cette proximité autrement, donc on a réfléchi à une autre formule, avec une autre setlist. C’est vraiment un concert unique dans ce contexte-là. J’espère que les gens auront l’impression que j’entre dans leur salon, et pas qu’ils auront l’impression de louper un concert dans une salle.
Oui bien sûr ! En plus à la veille de la sortie de l’album, j’ai toujours eu l’habitude d’aller faire des radios partout en France, donc rencontrer des gens, faire des dédicaces… Là c’est vrai que l’album va sortir un peu orphelin parce que je risque de ne pas pouvoir l’accompagner, le présenter aux gens. J’espère que les gens seront au rendez-vous du 4 février parce que pour moi c’est très important de les retrouver. Quelque part, ce rendez-vous me soulage et me permet de faire mon métier : chanter pour les autres.
Tout simplement car leur univers musical m’a séduite. J’ai beaucoup aimé le duo LUNIS, comment ils mélangent les influences, leurs voix… C’est difficile de juger l’artistique parce que ça reste très subjectif. Il y en avait plein d’autres que j’avais trouvés super mais il fallait choisir. Je voulais trois genres un peu différents, éclectiques. J’ai bien aimé aussi Flo Catteau parce qu’il est entre – M – et Calogero, deux artistes que j’adore, puis c’est un musicien. C’est toujours hyper dur de choisir, je voulais aussi jouer la parité, là je suis pile-poil !
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