Invité exceptionnel : Benjamin Biolay se dévoile autour de ses passions (interview)

Entre deux dates de sa tournée Grand Prix, actuellement dans toute la France, Benjamin Biolay a posé ses valises chez RIFFX le temps d’une journée exceptionnelle. Pendant 24 heures, ce 14 février, nos cœurs battront à l’unisson au rythme d’interviews exclusives, messages personnels, playlist et autres surprises. Incontournable dans le paysage musical français, l’artiste se dévoile aujourd’hui en toute intimité autour de ses passions, revient sur sa riche carrière musicale et laisse présager le meilleur à venir.

Bonjour Benjamin Biolay, merci de nous faire l’honneur d’être sur RIFFX.fr en cette journée du 14 février. A tes côtés, nous allons revenir sur des choses que tu aimes, journée de l’amour oblige. Déjà, que t’inspires cette date ?

Bonjour, merci de me recevoir. L’amour c’est une source d’inspiration, de bonheur et de malheur aussi, depuis la nuit des temps. Que ce soit pour la musique, la littérature, ou n’importe quel autre art, on peut trouver des dizaines et des dizaines d’œuvres majeures qui puisent leurs sources, ou leurs sujets, dans l’amour. Ceci étant dit, c’est surtout l’amour qui inspire tout ça, la date du 14 février en elle-même ne veut pas dire grand-chose, à chacun de se l’approprier ou non.

Une autre date, récemment, est celle de ton anniversaire au mois de janvier. On décrit le Capricorne – que tu es – comme un signe sérieux, intelligent, travailleur, impulsif, persévérant, têtu, pessimiste, rigoureux… Te reconnais-tu ?

Personnellement je ne lis pas trop les horoscopes, ce n’est pas mon truc. Pour autant, je ne nie pas l’influence des énergies, et je ne maîtrise pas assez le sujet pour affirmer qu’il n’y aurait pas d’influences de l’environnement sur notre humeur. En revanche, que ça vienne de là ou non, c’est vrai que j’accorde énormément d’importance au travail et à la rigueur. Quand j’écris, quand j’enregistre, ça n’est pas toujours joli à voir. Je suis toujours très sérieux, très appliqué. J’ai un côté perfectionniste, cent fois sur le métier je remets l’ouvrage. J’ai la chance de faire ce que j’aime, j’essaye de le faire le mieux possible.

Aujourd’hui tu fais partie des plus grandes figures de proue de la chanson française. Parmi tes neuf albums solo, auquel déclarerais-tu ta flamme en 2022 ?

C’est très gentil de dire ça, mais ça me fait toujours très bizarre de l’entendre. Vous savez la vie passe et tout d’un coup on se dit qu’on a déjà fait dix ou quinze albums. Chaque album est un saut dans le vide et je consacre mon énergie à la création. Je prends rarement le temps de me poser pour penser à ma carrière, principalement car je n’ai jamais raisonné en termes de carrière. Mais quand je prends une seconde pour regarder en arrière je peux avoir un vertige du temps qui passe, et en même temps une immense gratitude d’avoir toujours la chance de faire et de vivre de ce que j’aime. Il est vraiment très difficile pour moi de choisir un des albums plus qu’un autre, parce que chacun est la photo d’un moment, d’un état d’esprit, d’un voyage, et en ce moment celui qui occupe mon esprit c’est le prochain, sur lequel je suis en train de travailler nuit et jour.

Quel est le plus beau moment de ta vie sur scène ?

J’ai une relation à la scène particulière. Ce serait mentir de dire que j’ai toujours aimé ça. Aujourd’hui j’ai l’impression que plus qu’avant, j’en tire un plaisir inouï, et il y a parfois des moments magiques qui naissent au milieu d’un concert sans que vous vous y attendiez. Ce sont ces moments-là que je guette, que ce soit dans un petit théâtre ou dans un festival devant 200 000 personnes. Globalement être sur scène est un des meilleurs moments de vie.

On connaît le chanteur, le parolier mais il y aussi le musicien : violon, tuba, trombone, guitare, piano, basse, batterie, trompette… Tes talents d’instrumentiste sont multiples. Y a-t-il un de ces instruments que tu préfères aux autres ?

Ahahah, arrêtez de tout vouloir classer. Tous ces instruments que vous venez de citer, et notamment les instruments à vents, c’est ma formation, c’est comme ça que j’ai appris la musique, ça fait partie de moi. C’est par là que j’ai commencé, et à l’époque au conservatoire je ne m’imaginais pas que c’étaient les premiers pas qui un jour me permettraient de faire un album.

Difficile d’aborder ta carrière sans mentionner les sublimes collaborations que tu as pu faire avec de nombreux artistes. Un de tes duos les plus marquants est Brandt Rhapsodie avec Jeanne-Cherhal. Est-ce que la déliquescence du couple est inévitable selon toi ?

Non, heureusement personne ne pense que la vie est si noire. Cela dit, c’est sûr que dans le cas d’un musicien c’est très difficile, et très souvent on est obligé de sacrifier nos relations pour la musique. Même de l’autre côté, ça ne doit pas être facile de rester avec des artistes, qui sont souvent très émotifs et rarement présents, ça jette la relation dans une espèce de chaos permanent.

En quoi l’affaire Louis’Trio t’a beaucoup influencé ?

Ce n’est pas un secret qu’Hubert Mounier m’a tout appris à Lyon. J’ai adoré ses albums, sa voix, et par-dessus tout travailler avec lui en studio. Il m’a tant appris et je pense souvent à lui.

A côté de la musique, tu t’adonnes à d’autres passions tout aussi prenantes. Nous savons que tu es un fervent supporter de football : ça vient d’où cet amour pour le ballon rond ?

C’est vrai que le foot est un sport que j’aime beaucoup. En même temps je suis Lyonnais, et Lyon est une grande ville du foot. Je me souviens quand j’étais petit et qu’on voyait les lumières du stade s’allumer les soirs de match, l’énergie de la ville et des fans… Le foot c’est un sport formidable, très populaire et qui passionne des millions de gens, moi y compris. Forcément en ayant grandi entouré de cette ambiance et de cette ferveur footballistique, je suis devenu un grand fan. J’y ai même joué longtemps.

Cinéma, télévision… Tu as élargi tes compétences artistiques en parallèle de la musique ces vingt dernières années. Y a-t-il un autre art que tu rêverais de concrétiser ?

Le cinéma c’est quelque chose de fascinant, et quand je joue un rôle j’ai les mêmes sensations que quand je suis sur scène, donc c’est vraiment quelque chose qui me touche. Je pense que j’y cherche encore quelque chose, et c’est aussi dans ce domaine que j’aimerais continuer d’évoluer, donc un nouvel art auquel toucher ça serait sûrement la réalisation. Je m’en rapproche déjà, mais maintenant il faut que le projet se concrétise.

Enfin, une question réflective : penses-tu que l’on protège suffisamment « la chanson française » ?

Je peux regretter que la culture ne soit parfois pas plus au centre des débats. Ça peut interroger sur l’importance que lui donnent certains politiques. Mais globalement l’exception culturelle française est une réalité, et il faut bien admettre que nous sommes un des pays où les artistes sont le plus protégés.