FFS. Le supergroupe par excellence

FFS porte les initiales de la collaboration la plus inattendue de l’année : d’un côté les quatre Écossais de Franz Ferdinand, de l’autre les deux frères américains de Sparks. Ou plutôt tout ce petit monde au centre, tant l’album éponyme qu’ils viennent de livrer mélange avec une parfaite homogénéité le talent des deux formations. Un seul groupe donc, frais et jubilatoire, et cela méritait bien un nouveau nom.

Ils ne sont pas de la même génération puisque Russell et Ron Mael, proches des 70 ans, officiaient déjà avec Sparks lorsque les membres de Franz Ferdinand naissaient. Ils ne sont pas du même continent non plus, ni du même genre musical. Et pourtant ils viennent de donner vie à un supergroupe (nom donné à la formation parfois éphémère de musiciens à la notoriété déjà faite séparément), et dans sa version suprême puisque c’est la totalité des membres des deux groupes qui est présente dans FFS. Six têtes pensantes donc, six voix parfois pour pousser les chœurs sur certains titres. Et six bonhommes qui semblent avoir retrouvé un élan de jeunesse.

Une histoire ancienne
Alex Kapranos, chanteur et leader des Franz Ferdinand, n’a jamais caché son admiration pour le glam rock des années 1970 et 80 de Sparks. Les frères Mael quant à eux avaient reçu les compliments par voie de presse et s’étaient déjà présentés au groupe écossais dès les premiers succès de ce dernier. C’est donc il y a plus de dix ans déjà que ces gaillards-là s’étaient serré la main en évoquant une collaboration improbable. Mais la vie de musicien avec ses bas et ses hauts, ses tournées et ses enregistrements, avait laissé l’idée en suspens au bénéfice d’agendas surchargés. L’histoire veut qu’il y a un peu plus d’un an, soudainement, les deux groupes se soient échangé des mails en s’envoyant des morceaux, chacun chez soi devant son ordinateur. L’envie devenant enfin concrète il n’aura fallu que quinze jours intenses d’enregistrement à Londres pour que FFS naisse réellement à travers un album éponyme de douze titres.

Humour musical
Ce qui frappe dès la première écoute, c’est la réussite du mélange des deux formations. Parfait cocktail de leurs influences, cet album ne suggère en aucun cas que l’un fût l’invité de l’autre. Il est même difficile de deviner sur certains morceaux qui en est le premier instigateur. On n’en a d’ailleurs cure tant le résultat est vitaminé, frais et enthousiaste. Souvent épiques, toujours en tempo rapide (à une exception près), magnifiquement narratifs, les titres nous promènent allègrement des années 1970 à 2000, en faisant des incursions (plus difficiles) par les eighties. On se projette sans sourciller dans des pop scintillantes, des dances plus discutables ou des rocks progressifs. L’humour mis en étendard y est sûrement pour quelque chose, en témoigne ce magnifique Collaborations Don’t Work (les collaborations ne fonctionnent pas) mis en quasi fin d’album : presque sept minutes dignes d’un véritable opéra-rock qui signe en forme de pied de nez ironique l’état d’esprit burlesque de FFS. Preuve encore avec le final Piss Off qui nous envoie promener dans une ambiance comédie musicale plus que traditionnelle.

À quand la suite ?
La bonne humeur est disséminée tout au long de ce FFS de joyeux drilles dont on devine aisément la joie de faire ensemble. Et la bonne humeur est communicative, tant et si bien que peu importe le genre ou les paroles cachées sous ce vent de fraîcheur, on se surprend à sourire tout du long. La hâte de voir ces six compères sur scène se fait ressentir, d’autant plus qu’ils chuchotent ça et là qu’ils nous y réservent des surprises. Il semble en tous les cas que Franz Ferdinand et Sparks ont trouvé en FFS leur fontaine de jouvence, et la légende ne ment pas, cela fonctionne.

Marjorie Risacher

Découvrir :

FFS – Johnny Delusional

Crédit Photo : © David Edwards