Data : Soldier’s Flag !

On avait repéré au milieu des années 2000 Data en remixer pointu de Tepr, Benjamin Diamond ou Breakbot, son ancien colocataire. Le Parisien est revenu sur le devant de la scène avec « Skywriter » un premier album accrocheur puis s’est fait discret jusqu’à ce début d’année. Retour gagnant avec « Soldier’s Flag », un EP baroque mais loin d’être kitsch qui doit autant à Kavinsky qu’aux musiques de films de série B.

Comment êtes-vous tombé dans la « marmite électronique » ?

J’ai un parcours de musicien classique avec passage au conservatoire. Vers l’âge de 15 ans je me suis intéressé aux producteurs de rap puis à ceux de la techno. L’idée de pouvoir incorporer dans la musique des éléments de blues, de musique classique ou de soul me passionnait. Je me suis donc plongé dans les machines, acheté un sampler… Faire vivre un morceau, le faire évoluer longtemps sans tomber dans un format pop et utiliser toutes les facettes d’une ritournelle m’ont conquis dès le début. J’avais trouvé ma voie !

Sur cet EP, pourtant, vous êtes plus proche d’une pop synthétique que de la musique électronique pure et dure !

J’ai toujours beaucoup de mal à définir la musique électronique car elle est pour moi avant tout un moyen technique de produire de la musique. Ce qui est sûr c’est que je ne suis pas dans la musique minimale mais plutôt dans la musique maximale ! Je traîne beaucoup avec des musiciens qui font du néo-classique, qui incorporent des éléments classiques dans la production électro. C’est assez proche de la musique de peplum. Ça m’a beaucoup influencé pour cet EP.

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DATA – Soldier’s Flag

D’où vient cette thématique d’armée ?

En produisant les tracks et surtout en les réécoutant, je trouvais qu’il y avait quelque chose d’épique. Je voulais sortir de l’imagerie hyper rabâchée du rétro futurisme genre Star Wars que l’on trouve dans l’électro. J’imaginais des mecs un peu timbrés au fin fond du Nevada en train d’astiquer leurs guns, le coté western, quoi ! Mais dans une version plus Clint Eastwood que John Wayne ! Attention cependant, ce n’est pas une incitation à faire la guerre, c’est juste une question d’esthétique qui me parlait. Peut être qu’inconsciemment j’ai été influencé par les chaînes d’infos qui tournaient en boucle dans le studio lors de la guerre de Lybie.

Allez-vous proposer l’album que vous finaliser cette année en live ?

Entre les frais engagés, les problèmes de matériels et les soucis techniques, un live électro est toujours très compliqué à monter. Et puis j’adore faire le DJ, ce que je suis depuis l’âge de 15 ans – c’est-à-dire la moitié de ma vie – mais bon j’ai très envie de proposer un beau concert et offrir quelque chose de vraiment bien. Je suis très fan des shows époustouflants de Jean-Michel Jarre. Moins de sa musique. Dans ses méga concerts, on comprend l’interaction entre la musique et les machines ! Si faire un live c’est arriver sur scène et appuyer sur « play », mieux vaut amener ses disques et les jouer, c’est plus honnête ! »

Comment percevez-vous l’évolution de la musique électronique française depuis quelques années ?

Le public s’en rend compte seulement maintenant, mais depuis ce que les journalistes ont appelé la « french touch 2.0 », notre scène est complètement décomplexée. Il y a tellement de concurrence qu’il faut aujourd’hui pousser le curseur à fond. Certains font du R&B romantique en jouant à fond la carte années 1990. Ça donne des trucs un peu « cul cul » parfois mais au moins, en France, aujourd’hui, on va jusqu’au bout de la démarche. Et ça, c’est très réjouissant !

Propos recueillis par Willy Richert

Crédit Photo : © Lara Kiosses

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