Les sujets de négociation entre un artiste et un beatmaker

 

Les termes beatmaker et beatmaking sont nés aux Etats-Unis, berceau du rap, à la fin des années 1970. Et n’est pas beatmaker qui veut ! On dit d’ailleurs de lui qu’il est un « faiseur de sons ».

Avant d’aller plus loin, bref rappel de ce qu’est un beatmaker. Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un compositeur de beats, les boucles rythmiques ou plus globalement la base instrumentale de certains morceaux et que l’on retrouve plus particulièrement dans le milieu du hip-hop, du rap, de l’électro et du RnB.

Le travail du beatmaker est de plus en plus valorisé. En effet, il est difficile aujourd’hui de dissocier l’artiste du beatmaker. On pense notamment à Le Motif qui crée des beats pour PLK, Booba ou encore Niska ou Skread pour Orelsan. En concevant l’instrumental d’un morceau de musique, on considère qu’il en est le compositeur. À ce titre, son rôle peut également consister à arranger l’instrumental avec des effets sonores, de nouveaux d’instruments…

Pourquoi faire appel à un beatmaker et en quoi celui-ci peut s’avérer être un allié de taille ? Son rôle principal va être de fournir aux rappeurs et chanteurs des productions sur-mesure pour poser leur texte de manière pertinente. Il est un véritable collaborateur créatif qui, par le biais de sonorités percutantes, va sublimer ton flow et t’aider à te créer une identité stylistique unique.

Tu es en plein processus créatif et tu envisages de faire appel à un beatmaker pour composer l’un de tes morceaux de rap ? C’est une excellente idée ! Ne perds pas de vue que la négociation en amont de la collaboration est gage de réussite de ton projet. Il te faudra également clarifier le rôle de tous les intervenants de manière à protéger vos droits et vos relations.

‍‍Tu as trouvé ton beatmaker ou ton beat ? Voici les différents points à négocier lors de la signature de votre contrat.

 

Les différents points à négocier avec un beatmaker

Avant d’approfondir le contenu du contrat, faisons lumière sur les droits du beatmaker concernant sa création.

Les droits inaliénables au beatmaker

Ils se divisent en deux parts distinctes : les droits d’auteur et les droits sur l’enregistrement sonore.

Les droits d’auteur

Au titre de compositeur de musique, le beatmaker est titulaire de droits d’auteur. Le contrat conclu entre l’acheteur du beat et le beatmaker devra prévoir une répartition des droits d’auteur sur le titre en question.

  • Dans le cas où l’artiste interprète est l’unique co-compositeur avec le beatmaker, l’usage veut qu’ils se partagent les droits d’auteur à part égale.
  • S’il existe d’autres compositeurs sur le titre, les droits d’auteur seront divisés selon la participation de chacun sur le titre.

Le 1er point à négocier : les droits d’auteur se calculent en pourcentage et les ayants-droits peuvent fixer entre eux quelle part attribuer à chacun en fonction de sa participation à la création de l’œuvre. Généralement, la répartition se fait de cette manière : 1/3 pour l’auteur, 1/3 pour le/les compositeur(s) et 1/3 pour l’éditeur.

Ses droits sur l’enregistrement sonore

Le beatmaker détient un droit d’auteur sur sa prestation artistique incorporée à l’enregistrement sonore. En d’autres termes, le beatmaker détient le droit exclusif d’autoriser l’exploitation de sa prestation artistique ainsi que celui de percevoir les redevances qui en découlent.

Le 2em point à négocier : Nous te conseillons vivement de négocier ta qualité d’ayant droit dudit enregistrement de manière à ne pas souffrir de blocages futurs dans son exploitation.

 

Pour quel type de contrat de vente opter ?

Il existe, dans le cadre d’un travail entre un artiste et un beatmaker, deux types de contrats.

  • Le contrat de vente d’un instrumental

Ce contrat te permet de te voir céder par le beatmaker, les droits de propriété matérielle (les fichiers) et immatérielle (les droits d’exploitation) en contrepartie d’un prix forfaitaire à régler. En optant pour ce type de contrat, tu obtiens le droit exclusif d’exploiter le beat reproduit dans votre titre, dans le monde entier et ce, sans limite de temps.

  • Le contrat de licence d’un instrumental

Dans ce type de contrat, le beatmaker conserve la propriété du beat et est rémunéré par une redevance forfaitaire ou proportionnelle aux ventes et aux streams. L’artiste conserve le droit de reproduire le beat dans son titre et de l’exploiter.

Il te faudra également opter pour une licence exclusive ou non exclusive. La première option te permet d’utiliser le beat en exclusivité. Le beatmaker s’engagera alors, moyennant un coût plus onéreux, de ne plus ventre cette instru à d’autres artistes. C’est un véritable avantage et ce, notamment, lorsque tu as investi du temps, de l’argent et de ton énergie dans ton projet. Il s’agira alors d’une production produite sur-mesure pour ton projet.

 

La rémunération du beatmaker

Bien évidemment, celle-ci dépend de la notoriété de ce dernier. Il s’agit de la somme payée pour l’achat du beat, de l’avance et de la redevance pour l’achat de la licence.

En France, la rémunération du beatmaker varie généralement entre 100€ pour les compositeurs novices ou dotés d’une faible notoriété jusqu’à 1000€ pour des beatmakers plus confirmés ou connus. Les beatmakers de renom vendront leur beat à partir de 3000€.

 

La définition des engagements du beatmaker

Il s’agit là, notamment, de définir le type de fichiers que le beatmaker devra te remettre : MP3, WAV ou WAV multipistes. Ce dernier format étant le plus onéreux.

Autre point à négocier : la durée du contrat et la garantie d’originalité des samples utilisés.

 

La possibilité du cross-over

Si tu penses que les featurings ou associations entre artistes ne sont réservés qu’aux professionnels de la musique, tu fais fausse route ! Et qui n’ose rien, n’obtiens rien !

Avant d’envisager de conclure un quelconque contrat avec un beatmaker, proposes-lui un feat et ce, quelque soit sa notoriété. En effet, la collaboration artistique comprend de nombreux avantages que nous te listons juste ici.

1.    Le gain de public

Et ce gain en public se confirme dans tous les types de collaborations.

  • Ton beatmaker est une star ? Tu profites d’une partie de son audience et lui gagne en popularité en s’étant rendu accessible à un
  • Vous êtes tous les deux de popularité égale ? Cela t’offre la possibilité d’étendre ton spectre d’auditeurs en rencontrant un nouveau public.

Bonne nouvelle : alors qu’aux Etats-Unis, les demandes de featurings s’accompagnent de sommes à six chiffres, les collaborations musicales en France sont majoritairement gratuites.

Notre seul conseil : Fais preuve d’audace et d’assurance ! Rentre en contact avec l’artiste directement ou son label/producteur et expose-lui ta vision du feat, ton projet.

2.    Le gain d’argent

En fournissant un travail, le beatmaker doit être rémunéré. En tant qu’artiste indépendant, tu décides de tout !.

Tu devras négocier avec le beatmaker de ton morceau un pourcentage de royalties que le morceau aura généré et s’il en génère. Pour te donner une idée, ce chiffre varie le plus souvent entre 3 et 7%. Plus sa dose de travail dans le morceau sera conséquente, plus il sera en droit de réclamer une part plus importante de royalties.

3.    Un gain relationnel

En faisant appel à un beatmaker pour un de tes morceaux, tu établies de nouveaux contacts professionnels dans le milieu artistique dans lequel tu souhaites évoluer.

 

Il arrive très fréquemment que les beatmakers débutants mettent leur travail en ligne. Leurs beats sont alors libres de droits et même parfois gratuits. Que les beats soient libres de droits ou que le beatmaker, plus mature, les vende directement à un artiste contre un forfait et des droits d’auteurs, le compositeur reste au départ propriétaire de son instru. L’artiste intéressé devra négocier en amont et avec le beatmaker son forfait et la proportion de ses droits de compositeur.