Formats vintage : Mode passagère ou véritable alternative ?

Depuis quelques années maintenant, le vinyle opère un véritable retour en force. Affaire de mode ? Redécouverte du plaisir d’écouter un disque ? Véritable alternative à la chute des ventes de CD ? Sans doute un peu tout cela à la fois… Même la soi-disante obsolète cassette audio semble trouver son public. Êtes-vous prêts à succomber vous aussi à succomber au charme des formats vintage ?

Il y a à peine 10 ans, les formats vinyle ne semblait intéresser que les collectionneurs. Ou autres amateurs de conventions spécialisées, les amoureux des brocantes du dimanche matin ou les DJs, quand la musique électronique régnait sans partage dans les endroits branchés du monde entier. Certes, les ventes de vinyle restent encore loin derrière celles du CD, mais les chiffres ne cessent d’augmenter !

Le culte de l’objet

Qu’il soit reconnu au niveau planétaire ou star de son quartier, aucun groupe n’a échappé à la baisse des ventes de CD. Avant cette fameuse crise, une formation indépendante pouvait espérer une distribution, même erratique, dans les grandes enseignes. Aujourd’hui, c’est peine perdue et la FNAC n’est plus « l’agitateur » qu’elle prétendait être (son fameux slogan pendant des décennies) depuis bien longtemps en réduisant de manière considérable ses références dans les bacs. Avec le retour du vinyle, certes pas encore dans tous les foyers français, les « petits » groupes ont peut-être trouvé ici un moyen de vendre leur musique différemment. À quoi bon presser 2000 CD si c’est pour les retrouver quelques années après au fond d’une cave ?

Dans le milieu de la musique dite indépendante, bon nombre d’acteurs (labels, groupes, artistes) ont choisi la solution du vinyle plus pour l’objet en lui-même que dans une logique financière. Ce choix est d’abord dicté par l’artistique avant tout. La volonté de proposer un bel objet (pochette et livret en grand format, possibilité de faire une galette en couleur) est un paramètre important. Tout comme celui de donner à cet objet un aspect « collector » en pressant une petite quantité de vinyle et en communiquant dessus. Ainsi, les fans du groupe se précipiteront sur la galette noire en ayant l’impression, à juste titre, de faire l’acquisition d’un disque unique, réservé aux fins connaisseurs.

Afin de ne pas tomber dans l’élitisme, bon nombre de groupes et artistes indépendants proposent avec leurs vinyles une solution numérique. En y glissant soit un CD, ce qui augmente bien évidemment le coût de revient unitaire. Soit en proposant à l’acheteur de télécharger l’ensemble des titres via un lien Internet. Pour éviter que celui-ci n’ait une durée de vie trop courte et que le possesseur de l’objet ne puisse plus accéder au téléchargement, il existe des possibilités bien pratiques :

• Fondé en 2007, Bandcampest le site référence pour les indés, facile d’utilisation et sans prise de tête quant à une demande de référencement. Vous pouvez y proposer vos sorties en téléchargement classique. Vous pouvez également créer des codes privés qui correspondront par exemple à chaque vinyle vendu. C’est un peu fastidieux comme opération car vous devrez les écrire à la main (ou les imprimer) pour ensuite les glisser un à un dans chaque disque.

• Voilà plus d’une dizaine d’années que la sociétéDropcardss’est lancée dans la fabrication de cartes aux allures de celles réservées d’habitude à vos opérations bancaires. C’est un procédé qui pourrait paraître quelque peu onéreux, mais le résultat est garanti. Avec cette solution, vous bénéficiez donc d’une carte sur laquelle est inscrit une adresse Internet et un code que l’acheteur du vinyle pourra utiliser et afin de récupérer les fichiers sonores. On apprécie d’autant plus le service proposé que ces fameuses cartes sont personnalisables selon vos désirs. Imaginez le visuel de votre pochette décliné sur ce genre de support… Un régal pour les yeux, un peu moins pour votre porte-monnaie.

Le revers de la médaille

L’augmentation quasi exponentielle des ventes de vinyle, et donc de la production, n’est pas sans conséquences. Si l’on ne peut que se réjouir d’un événement tel que le Record Store Day créé en 2008 (la version française, le Disquaire Day, a vu le jour en 2012) pour célébrer en grande pompe ce retour pour ainsi dire inattendu de la galette noire, certains problèmes ont pointé le bout de leur nez. Quand tout était calme du côté des platines, et même si cela avait parfois l’air d’un parcours de combattant (peu d’entreprises françaises étaient équipées pour ce genre de prestations), les groupes pouvaient commander sans problème de petites quantités de vinyles (une centaine, parfois moins même).

Oui mais voilà, les « majors » (entendez les grosses « maisons de disques ») ont flairé le bon coup et ont débarqué sur le marché de la galette noire à grand renfort de rééditions, de coffrets, d’éditions limitées et autres picture discs. Pour une usine, le choix entre honorer une commande de 10000 pièces et une autre de 300 est vite fait… Résultat, il est quasi impossible de trouver des boîtes proposant des devis pour moins de 300 exemplaires. Et l’on se demande s’il n’y aurait pas une sorte de monopole instauré de fait par les seigneurs du pressage tels que MPO en France ou GZ Media en République Tchèque… Allez savoir ! Même Confliktarts ou Reverberation, deux entités farouchement ancrées dans le milieu indépendant, ne semblent plus être en mesure de donner dans la petite quantité.

Alors comment faire ?

L’ultime solution pour réaliser quelques dizaines d’exemplaires est la technique des lathe cuts. Ici, la gravure se fait en direct et le prix unitaire d’un tel produit est bien sûr supérieur à celui d’un disque en usine, mais cela permet de minimiser les risques quant au volume commandé, puisque les structures spécialisées en la matière (comme Funky Frankenstein, par exemple) proposent des quantités allant de 1 à 50 exemplaires, voire un peu plus.

La demande en vinyle est bien une réalité. Pourtant, les coûts de fabrication augmentent (la faute aux matières premières dont le vinyle est composé). Tout autant que les quantités minimum et les délais de livraison ne cessent de s’allonger. (Pensez bien à inclure ces délais dans votre agenda si vous voulez sortir votre disque à une date bien précise ou les avoir pour partir en tournée). Pourquoi ne pas alors revenir à la bonne vieille cassette audio ? Non, ce n’est pas une blague, c’est même envisageable…

Retour vers le futur

La cassette audio peut être elle aussi une autre alternative, avec un plus indéniable. Celui de laisser votre sensibilité artistique s’exprimer à 100% pour ce qui est du livret, sans avoir la crainte d’exploser votre budget production. La différence entre un vinyle lathe cut et une cassette est somme toute minime.  Mise à part un coût de fabrication plus élevé pour le premier. Mais la démarche artistique derrière ce choix reste la même : celle de mettre en avant l’aspect unique de l’objet. Encore faut-il que l’auditeur soit équipé pour… Seul bémol dans l’histoire, les dernières usines à assurer la fabrication des cassettes sont soit en Angleterre, soit sur le continent américain.

Il y a peu, l’idée de revenir à ce format en faisait sourire plus d’un. Mais les mentalités changent à toute vitesse, et des styles de musique comm le drone ou le free folk, ont fait de la k7 la quintessence de l’esprit lo-fi. La boîte à bande magnétique a même son « Cassette Day » depuis une paire d’années. Et certains artistes renommés succombent doucement mais sûrement aux charmes du support. Décidément, les modes se font et se défont. À moins que cela soit le contraire…