Comment éviter et gérer les conflits au sein d’un groupe ?

 

Le chanteur qui déraille, le guitariste avec un ego surdimensionné, le bassiste souvent absent… si les clichés perdurent c’est aussi parce que les désaccords inhérents à la vie d’un groupe sont fréquents. Oasis, les Beatles, ou plus récemment The 1975 et Migos : les exemples de groupes ayant connu des tensions sont nombreux. Voici quelques tips pour surmonter les obstacles, renforcer la cohésion du groupe et retrouver l’harmonie des débuts !

 

1. Avant même le conflit : désamorcer les problèmes éventuels

Que vous soyez en train de monter votre groupe ou que vous jouiez ensemble depuis plusieurs années, il est toujours bon de se réunir avant chaque grand changement pour anticiper les potentielles sources de conflit. Vous prévoyez une tournée dans quelques mois ? Vous préparez la sortie d’un EP ? Anticipez les situations délicates comme la promiscuité, les questions financières ou encore la gestion du stress. Discutez ensemble de vos envies, de vos motivations, mais surtout de vos limites ! N’hésitez pas à aborder les sujets délicats avant même qu’ils ne deviennent problématiques.

L’idée est de vous assurer que vous êtes tous sur la même longueur d’onde et que vous pouvez avancer sur des bases solides. Dès le départ, mettez-vous d’accord sur une méthode de gestion des conflits, qu’il s’agisse de faire intervenir une tierce personne ou de discuter en terrain neutre.

 

2. Agir vite pour ne pas laisser les tensions s’installer

Dès qu’un conflit éclate ou que l’ambiance se dégrade, il est essentiel d’agir rapidement pour éviter que les tensions ne s’installent sournoisement et durablement au sein du groupe. Les petites frictions peuvent facilement évoluer en conflits majeurs si elles ne sont pas abordées rapidement. Bien que le temps puisse parfois arranger les choses, il aggrave souvent la situation en permettant aux ressentiments de grandir.

Adoptez une approche proactive : prenez le temps de discuter ouvertement des tensions dès qu’elles apparaissent. Cela permet de clarifier les malentendus, trouver des solutions ensemble et ainsi renforcer la cohésion et la confiance au sein du groupe.

Gaëtan Roussel de Louise Attaque : « Au début, tout le monde fait bloc et on est sûr que ça ne bougera jamais. Mais un jour, une petite fissure apparaît. C’est normal et pas si grave. Ce qui est super, c’est d’essayer d’en faire quelque chose » – Ouest France

 

3. Identifier l’origine du conflit

Lorsqu’une mauvaise ambiance s’installe au sein du groupe, il vous faut commencer par trouver rapidement la source du problème. Les causes peuvent varier, mais concernent souvent des problèmes d’égo, d’absentéisme lors des répétitions, de démotivation ou encore de comportement addictif. Si la tension est due à des non-dits, une discussion collective ouverte et honnête permet de crever l’abcès et de repartir sur de meilleures bases.

Évitez de blâmer ou de faire des attaques personnelles, et concentrez-vous plutôt sur le problème et son impact sur le groupe. Adoptez une approche constructive en mettant l’accent sur les solutions plutôt que de ressasser les origines du conflit. Chaque membre du groupe a sa propre perception de la situation et il est souvent difficile de se raisonner dans le feu de l’action.

Pour organiser le dialogue, vous pouvez utiliser des méthodes éprouvées comme la méthode DESC (Décrire les faits ; Exprimer votre ressenti ; Spécifier des solutions ; Conclure positivement avec les conséquences).

 

4. Désigner un médiateur

Si le conflit oppose deux membres du groupe, une solution efficace est de désigner un médiateur. Ce tiers, idéalement un autre membre du groupe ou une personne extérieure de confiance, écoutera les arguments de chaque partie de manière impartiale. Le rôle du médiateur est d’aider à clarifier les malentendus, de calmer les esprits, et de guider les discussions vers une solution équilibrée. Le médiateur doit rester neutre et objectif et permettre à chaque partie de s’exprimer sans interruption ni jugement. L’objectif est de parvenir à une résolution qui respecte les perspectives de chacun tout en maintenant l’harmonie au sein du groupe.

 

5. Lâcher prise

Mettre sa fierté de côté peut être difficile, mais cela vaut rarement la peine de se brouiller avec les autres membres du groupe. L’ego et l’orgueil peuvent être des obstacles majeurs à la résolution des conflits. Apprendre à lâcher prise est essentiel pour maintenir une bonne dynamique de groupe et éviter que les tensions ne dégénèrent.

Lâcher prise ne signifie pas renoncer à ses convictions ou accepter l’inacceptable, mais plutôt faire preuve de flexibilité et de compréhension. Cela implique de reconnaître que tout le monde peut faire des erreurs et que le compromis est souvent nécessaire pour avancer. Prendre du recul et essayer de voir les choses du point de vue de l’autre peut aussi aider à dédramatiser la situation.

Arthur Teboul, chanteur du groupe Feu! Chatterton : « Avec le temps, on a dépassé les tensions et accepté la fatigue de l’autre. On connaît les travers de chacun. Avant on montait dans les tours en deux secondes » – Europe 1

 

6. Faire des activités ensemble en dehors du groupe

Lorsque l’ambiance n’est pas au top, une petite sortie peut parfois suffire à ressouder le groupe et raviver la flamme. N’hésitez pas à aller boire un verre ensemble ou à partager des moments de détente en dehors des répétitions, des résidences et des concerts. N’oubliez pas qu’avant d’être les artistes d’un même groupe, vous êtes d’abord une bande d’amis ! Si la musique vous a rassemblés, il est important de cultiver cette amitié au-delà des aspects professionnels.

 

7. Créer de nouvelles habitudes, ne pas figer les choses

Ce n’est pas parce que vous avez toujours répété le lundi à 19h que cela doit rester immuable. La vie d’un groupe évolue avec des hauts et des bas, ainsi qu’avec les contraintes professionnelles et personnelles de chaque membre.

Nikolai Fraiture, bassiste des Strokes : « J’ai compris qu’il était bon de parler franchement des choses, sans arrière-pensée, comme aux débuts du groupe. Mais nous avons tous désormais des vies très différentes, et il faut que chacun d’entre nous soit très sensible à ces différences, à ce qui se passe dans l’existence et dans la vie de l’un ou de l’autre » – Les Inrocks