CLEO T. : Songs of Gold & Shadow

Cléo T. est un monde à elle toute seule, un espace de rock-cabaret à la fois bringuebalant et parfait, beau et dissonant. Cette jeune Française multiforme devient en un instant toutes les femmes ou presque, passant de la vamp à la sorcière, de l’enfant à la citadelle, de la princesse à l’indépendante avec une aisance à faire pâlir tous les caméléons de l’univers. Songs of Gold & Shadow a le goût des pommes d’amour empoisonnées que l’on croque dans des carrosses, la couleur désuète des films des années 1930, l’ambiance des fêtes foraines hantées et la modernité des grandes artistes du moment.

Ses mots (en anglais pour la plupart, en français et italien pour deux titres à part) cachent des solitudes et des rêves qui se mêlent à des arrangements taillés au cordeau. Une foultitude d’instruments parfois improbables se marient à des cordes magistrales sous la houlette du producteur John Parish (connu pour avoir travaillé avec PJ Harvey, Eels, Goldfrapp, Dyonisos, Arno, Dominique A…). Et, comme un cadeau ne suffisait pas, Robert Wyatt a signé le dernier titre de l’album tout exprès pour la demoiselle. Des chansons d’or et d’ombre bien nommées, qui fourmillent d’idées, se payent le clin d’œil de la reprise Someday My Prince Will Come, valsent dans une cohérence qui survole pourtant les genres.

Cléo est un monde donc, avec une esthétique rare et une perfection irréprochable. Et si vous pensez l’avoir croisée dans un groupe disparu du nom de 21 Hôtel vous n’auriez pas tort. Sauf que cette fois c’est une carrière solo qui s’ouvre sur, on la lui souhaite, une grande et longue route.

Marjorie Risacher

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Cleo T. – We All