Blues Pills : Blues Pills

Chargée en blues-rock vitaminé, la prescription de Blues Pills nous parvient enfin sur un premier album éponyme de grande classe. Publié sur le label de métal allemand Nuclear Blast, le groupe franco-américano-suédois s’est déjà forgé une belle réputation en live qui n’attendait qu’une confirmation sur disque. C’est désormais chose faite avec ce Blues Pills qui ravira les fans de classic rock. Interview croisée avec le guitariste Dorian Sorriaux et la chanteuse Elin Larsson.

Peu de temps avant la sortie de l’album, vous avez eu l’occasion de jouer sur l’une des mainstages du Hellfest. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Elin Larsson : C’était vraiment cool ! C’était la première fois que nous jouions sur une scène aussi grande et devant autant de monde. Nous n’avons pas l’habitude, donc c’était assez bizarre au début. J’admire les groupes qui savent occuper l’espace sur scène et je pense que nous avons encore beaucoup à apprendre à ce niveau-là ! Une chose est sûre : je me souviendrai toujours de ce concert.

Dorian Sorriaux : Le Hellfest représente beaucoup pour moi, car je suis Breton. C’était donc quelque chose de spécial. Nous ne savions pas à quoi nous attendre, d’autant que nous jouions très tôt lors du dernier jour. Mais le son était génial et il y avait déjà du monde pour nous écouter. Effectivement, la scène m’a paru immense… Le temps de traverser cet espace pour aller chercher ma guitare et l’accorder m’a semblé durer très longtemps !

À l’image des grands groupes de rock des années 1960 et 1970, vous faites énormément de concerts. Est-ce important pour vous de beaucoup tourner ?

Elin Larsson : Oui, de nos jours les groupes sont obligés de jouer de nombreux concerts. Avec le téléchargement sur Internet, c’est devenu compliqué de gagner de l’argent simplement en vendant des disques. L’essentiel des revenus vient donc des concerts et des tournées. Mais nous adorons jouer en live ! Je pense de toute façon que nous sommes avant tout un groupe de concert, il y a dans notre musique une énergie qui ne peut se retrouver qu’en live, quelque chose qu’il est difficile d’obtenir dans un studio.

Dorian Sorriaux : C’est pour ça que, lorsque nous étions en studio, nous enregistrions le plus de choses possibles en live, pour essayer de retranscrire au mieux cette énergie. Selon moi, jouer autant de concerts nous a également permis de bien préparer la sortie de l’album. Ça nous a fait une belle promotion.

L’album est un concentré de blues-rock psychédélique parfois assez « heavy ». Quels sont les groupes qui vous ont inspiré au moment d’écrire les morceaux ?

Elin Larsson : Nous écoutions surtout Free et le Fleetwood Mac de Peter Green. Mais aussi beaucoup de soul, une musique que nous aimons tous au sein du groupe. Je pense à Tina Turner notamment.

Dorian Sorriaux : Et tous les classiques de la Motown, la Stax ou encore de Chess Records. Nous avons écouté du Marvin Gaye et l’album « Cosmic Truth » du groupe The Undisputed Truth, un mélange de soul psychédélique et de space-rock.

Plusieurs morceaux sur l’album étaient déjà parus sur les deux EPs du groupe, mais vous les avez retravaillés et réenregistrés pour l’occasion.

Elin Larsson : Toutes ces chansons n’étaient au début que des démos que nous enregistrions nous-mêmes, sans vouloir particulièrement les sortir sur des EPs. Étant donné que cet album était notre premier avec un producteur aux manettes, nous avons jugé normal de retravailler ces morceaux pour qu’ils sonnent mieux, plus professionnels. C’était une manière de leur rendre justice en quelque sorte.

Dorian Sorriaux : Don Alsterberg (ndr : producteur de Graveyard et de l’album) a joué son rôle en studio en nous conseillant et en nous montrant la voie à suivre. En arrangeant ces morceaux différemment, nous avons aussi permis à nos fans de les redécouvrir, afin qu’ils aient une impression de nouveauté en écoutant l’album.

Le groupe est basé à Örebro en Suède. Comment expliquez-vous que tant de groupes de revival rock viennent de Scandinavie ?

Dorian Sorriaux : Il y a de très bons musiciens, notamment en Suède. Là-bas, c’est naturel de jouer d’un instrument, de former un groupe, voire de participer à plusieurs projets en même temps, et de tourner très rapidement en Europe. Derrière tout ça, il y a beaucoup de travail et de persévérance. Selon moi, l’apprentissage de la musique n’est pas non plus envisagé de la même manière qu’en France. Une grande place est réservée à la pratique des arts dès le plus jeune âge. Je pense aussi que Graveyard a influencé de nombreux groupes en jouant la carte d’un rock très s’inspirant par le passé tout en proposant un son qui lui est propre.

Elin Larsson : Je trouve ça bien que tous ces nouveaux groupes s’inspirent du rock des années 1960 et 1970 et le remettent au goût du jour. Beaucoup de gens, aujourd’hui, ont envie d’entendre de la musique plus authentique, plus directe, et non plus forcément des albums au son trop propre, produits uniquement en numérique.

Quelles sont les prochaines échéances pour Blues Pills ?

Elin Larsson : Nous avons encore de nombreux concerts prévus cet automne. En octobre, nous tournons avec The Vintage Caravan, un autre groupe signé chez Nuclear Blast. Si tout va bien, 2015 pourrait bien nous voir faire nos premiers pas aux États-Unis !

Dorian Sorriaux : Nous avons le mois de septembre pour nous reposer puis, nous repartons sur la route. Nous avons aussi pas mal réfléchi au deuxième album et nous devrions commencer à travailler dessus début 2015 pour une sortie l’année prochaine ou au pire début 2016. Nous allons garder le côté blues-rock qui nous caractérise et y ajouter une bonne dose de soul psychédélique.

Propos recueillis par Alexis Hache

Blues Pills sera en France le 6 novembre à Strasbourg, le 7 à La Roche sur Yon et le 8 au Point Ephémère à Paris.

Découvrir :

Blues Pills – High Class Woman

Martin Carr : The Breaks

Martin Carr : The Breaks