Beck : Morning Phase

Beck est l’enfant prodige des années 1990, le magicien des genres capable de surprendre à chaque disque, l’inventeur des kaléidoscopes musicaux. Victime d’un énorme problème de dos qui lui interdisait le simple port d’une guitare, cela faisait six ans qu’il nous avait laissé dans le presque silence, se consacrant à d’autres artistes comme Charlotte Gainsbourg, à des B.O. diverses, ou encore éditant un album sous forme de partitions. Mais voilà enfin le retour de ses propres disques avec, pour première sortie, ce magnifique Morning Phase qui devrait être suivi par un deuxième plus vif et rythmé dans les mois à venir.

Rarement album n’aura mieux porté son nom. Morning Phase a la lenteur et la lumière des petits matins et est le compagnon idéal des réveils en douceur. Par bien des aspects il rappelle évidemment le beau « Sea Change » que Beck avait proposé en 2002, mêlant la pop et la folk avec perfection. Treize plages pour onze titres (les deux supplémentaires sous forme d’une introduction et d’un interlude de cordes), une mer calme d’une beauté à couper le souffle. Cet album brille surtout par sa constance stupéfiante : pas un seul titre qui ne soit de qualité moindre, une cohérence infaillible tout au long de l’écoute. Et ce malgré les influences diverses que chacun y trouvera, les échos au passé qui se pose en traceur (jusqu’à Simon et Garfunkel pour le titre Turn Away). Une grâce pure.

Marjorie Risacher