Goldfrapp : Tales of Us

Comme l’annonce le titre, ce sixième album du duo anglais est une série de contes. Noirs, mélodramatiques, les dix chansons sont cousues d’amours perdues, déchirées, en souffrance ou lointaines. Une galerie de portraits peints à la voix extraordinaire et haut perchée de Alison Goldfrapp qui incarne à chaque fois un personnage, narre son histoire, peu importe son âge ou son sexe. Et pour parfaire le tableau, chaque morceau (à l’exception de Stranger) porte le nom de son héros de quelques minutes.

Musicalement, évidemment, le ton suit cette démarche. Très cinématographique, la composition abandonne la dance qui avait fait la déception des fans sur deux des précédents disques, et renoue avec le trip-hop des heures glorieuses des débuts du groupe. L’électronique toujours présente ne se stratifie plus en d’innombrables couches froides, mais s’emmêle joliment avec les tristesses d’une guitare acoustique, d’un piano délicat ou de cordes à faire pleurer les émotions. Alison et son compère Will Gregory retrouvent l’angélisme nuageux des années 2000, cette traînée mélodieuse qui fait rêver les solitaires. Et même si la recette s’épuise un peu au fil de l’album, la première moitié saisit par sa beauté. Mais par la surprise aussi, puisque sans que l’on sache vraiment si l’hommage est conscient ou non, les deux premières notes d’introduction, répétées ad libitum, évoquent étrangement celles de Ces Gens Là de Jacques Brel. Improbable présence de Tales of Us. Mais ce n’est sûrement pas la seule chose qui plane sur ce disque-là.

Marjorie Risacher

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