Juin
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Débat – MaMA & Sacem
Des séries américaines aux longs-métrages français, retour sur l’élaboration d’une musique de film, de son budget à sa réalisation.
Dans un long-métrage, la musique tient une place essentielle. Qu’elle soit composée par des musiciens pour l’occasion (œuvre originale) ou déjà existante (chansons de groupes connus type Radiohead), elle n’est jamais choisie au hasard par le réalisateur (et/ou le scénariste), épaulé par le producteur (responsable du budget du film) et par un superviseur musical, chargé de coordonner l’opération. Pour financer ces projets, la Sacem (qui s’occupe notamment des droits d’auteurs des artistes), et le Centre national du cinéma, le CNC (susceptible de verser une aide pour alimenter le budget d’un film), ainsi que des partenaires (privés ou publics) peuvent travailler ensemble, et contribuer à la bonne réalisation de cette bande-son. « Chaque année, pour la musique, le CNC apporte un soutien financier à un certain nombre de films. Une aide comprise entre 8000 et 10 000 euros », explique Thomas Sonsino, qui travaille dans le département concerné au CNC. Une aide significative pour une discipline qui doit composer avec des budgets globalement restreints. « J’ai vécu plusieurs cas de figure, relève Bruno Fontaine, pianiste et compositeur français de musique de film (On connait la chanson, d’Alain Resnais). On m’a parfois offert une grande marge de manœuvre, et j’ai aussi été confronté à de grosses contraintes budgétaires. Cependant, le manque d’argent peut pousser dans ses retranchements : cela peut aboutir à quelque chose d’intéressant sur le plan créatif. »
Manque d’infrastructures
Un manque de ressources économiques dénoncé par Laurent Petitgirard, compositeur et grand chef d’orchestre français. « Dans de nombreux pays, il n’y a pas de droits d’auteur, notamment en Chine ou aux Etats-Unis. Dès lors, une source de revenus potentielle pour le compositeur, qui pourrait recevoir de l’argent quand le film fonctionne bien à l’étranger, [est perdue¬]. » Un manque de ressources, donc, mais aussi d’infrastructures. « Il n’y a qu’un seul studio capable d’accueillir un orchestre de 80 personnes à Paris, poursuit le musicien et ancien président de la Sacem. Mais quand le métro circule, sous le studio, tout le monde doit arrêter de jouer. Il faut donc plus d’infrastructures pour accueillir ces formations. » Deux facteurs qui poussent de nombreux artisans à s’exporter, notamment en Belgique, comme le fait remarquer Pascal Mayer, fondateur de Noodles Supervision.
Canal+ et les séries
Si au cinéma, la musique est importante, elle l’est aussi à la télévision, et particulièrement pour les séries, qu’elles soient françaises ou américaines. Un marché que connaît bien Catherine Serre, directrice musique de STUDIOCANAL, du groupe Canal+. « Lorsqu’il s’agit de réaliser une musique originale, nous en parlons bien en amont avec le producteur et le réalisateur. Concernant le budget, nous définissons d’entrée un cadre précis, auquel peut venir s’ajouter un complément de financement si l’ambition du film ou de la série est très importante. » Poste clef dans cette mécanique, l’éditeur devra quant à lui assurer une exploitation suffisamment importante de la musique (DVD, Bande-originale, etc.). « C’est le nerf du métier, conclue Paul Lavergne, éditeur multicartes. Pour faire ce métier, il faut être au service du film et du réalisateur, et assurer un suivi des œuvres permanents. » Un enjeu essentiel pour une discipline indispensable, au cœur du monde cinématographique.
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