La britpop, 20 ans après

Il y a vingt ans, l’Angleterre célébrait l’entrée en scène d’une jeune génération qui entendait redonner ses lettres de noblesse à la pop. Ce moment historique porte un nom : la brit pop, quelques années importantes dans l’histoire culturelle et sociale anglaise. Certains des héros de ce courant musical sont toujours là : Damon Albarn vient de publier un album solo somptueux (Everyday Robots) tandis qu’Oasis réédite ses classiques en grande pompe. Retour sur ce phénomène.

Au début des années 1990, la musique est largement dominé par le rock américain : Nirvana, Pearl Jam et le mouvement grunge marquent l’époque avec une musique sombre et le refus des paillettes. En Angleterre, on commence cependant à bouillir d’impatience… Poussée par une presse musicale alors très puissante (Le NME et Melody Makers tirent chaque semaine à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires), la jeune génération prend rapidement ses marques. Elle a en tête des pans entiers de la flamboyante histoire du rock anglais : les années 1960 des Kinks ou des Beatles, les années 1970 incarnées par David Bowie, les années 1980 des Smiths ou des Stone Roses. Et à partir de 1993, des dizaines de groupes apparaissent, comme Suede, Elastica, Cast, Shed Seven ou The Auteurs. D’autres, plus anciens, bénéficient d’une attention médiatique nouvelle, comme les Boo Radleys ou Pulp. Le mouvement est bientôt baptisé brit pop sans pour autant être vraiment homogène musicalement. Tout au plus peut-on souligner la primauté d’un format guitare/basse/batterie.

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Blur – Song 2

La guerre Blur vs Oasis

Éclot alors un petit « star system » londonien qui va faire le bonheur de la presse people britannique, laquelle va alimenter la chronique d’une rivalité entre les deux groupes les plus influents du mouvement : Blur et Oasis. À coup de déclarations fracassantes et de compétitions dans les charts, on tente de faire revivre la rivalité mythique (et pourtant imaginaire) entre les Beatles et les Rolling Stones. C’est aussi l’une des raisons pour laquelle la britpop a marqué son époque : elle s’inscrit dans une grande tradition culturelle anglaise. Si Oasis remporte la bataille en termes de chiffres de ventes (près de 65 millions d’albums ont été vendus), et l’incroyable discographie de Blur lui assure à jamais la victoire artistique.

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Oasis – Supersonic

Un mouvement important

La britpop a aussi une signification sociale, presque politique. Elle est l’incarnation d’une jeunesse qui n’a connu que les Conservateurs au pouvoir. À mesure que le phénomène grandit, que les groupes emplissent des stades entiers, il prend du poids dans le débat public. C’est ce que comprend bien le Travailliste Tony Blair, qui se rapproche alors de plusieurs figures importantes de la scène pop (notamment Noël Gallagher et Alan McGee – ce dernier dirige le label Creation sur lequel paraissent les albums d’Oasis). Avoir su saisir ce qui se passait chez la jeunesse de son pays et inscrire ses préoccupations dans le débat public, c’est l’un des éléments qui a permis à Tony Blair de remporter les élections et de devenir premier ministre au printemps 1997.

1997, c’est aussi à la fois l’apogée de la britpop et le début de la fin. « Be Here Now », le troisième album d’Oasis, est moins bien accueilli, tandis que le groupe de Damon Albarn se tourne vers l’Amérique pour trouver l’inspiration de son cinquième album (« Blur »). Quant à la majorité des groupes de l’époque, il vont disparaître des radars aussi vite qu’ils étaient apparus.

Vincent Théval

Trois espoirs pop pour 2014

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