Mai
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RENCONTRE – Repenser son festival, garder un lien avec sa communauté, comment envisager l’avenir… A la suite de la crise sanitaire liée au Covid-19, Béatrice Desgranges – fondatrice et directrice de Marsatac – a fait face à plusieurs questionnements et décisions en 2020, comme ses pairs de l’industrie du spectacle vivant et musical. Loin de s’avouer vaincue, elle nous présente une idée originale – Marsatac Auto-Reverse – qui débarque tout droit de Marseille ces 26 et 27 juin.
Je suis la fondatrice et également la directrice de l’association Orane ainsi que du festival Marsatac.
L’objectif était de créer un festival qui nous ressemble à Marseille, dans lequel on y trouverait les artistes qui nous sont chers et qui jusque-là ne se produisaient pas ici dans une formule festival. Orane a été créée dans le but de créer la structure de portage du festival. La priorité et l’activité majeure de l’association sont l’organisation et la production de Marsatac. En parallèle, pour alimenter le festival, d’autres actions sont menées : des projets d’éducation artistique auprès d’enfants, des projets de création en France et à l’international… Toutes trouvent à un moment une visibilité et viennent alimenter les contenus du festival. Elles nourrissent un seul et même projet qui est Marsatac.
C’est assez étrange à se remémorer aujourd’hui parce que même si c’était il y a deux mois – on a annoncé l’annulation le 14 avril – on dirait que ça date d’il y a un siècle. Comme tout le monde on était abasourdis par la situation exceptionnelle qu’on était en train de vivre. Ça tenait plus de la science-fiction en fait. La décision s’est imposée à nous, en accord avec l’ensemble des parties prenantes du festival, au pic du confinement. C’était assez étrange d’être seule et de ne pas pouvoir partager cette décision autrement qu’à travers des écrans vidéos avec le reste de l’équipe et les partenaires. Aujourd’hui il y a un contrecoup, en ce qui me concerne, à la prise de cette décision. Toute la difficulté liée à cette décision se révèle. On a voulu garantir la pérennité de la structure, garantir ensuite l’équipe et les compétences qui viennent s’agréger pour pouvoir mettre en place le festival. On avait de toute façon évalué différents scénarios avant de se décider. On se parlait entre festivals, en France et même au-delà. Tout le monde avait besoin de savoir : « Et toi tu fais quoi ? », « Tu es sur les mêmes dates que nous, c’est quoi ta décision ? ».
Vous touchez du doigt un point hyper sensible. On est effectivement déconfinés, la vie a quasiment repris son cours, mais nos activités ne peuvent pas se tenir. Alors oui on peut se voir et on se félicite qu’on ait réussi à cerner la pandémie en Europe. On ressort, les terrasses de cafés sont pleines, on recommence à entendre de la musique dehors… Mais les festivals n’auront pas lieu… C’est d’autant plus frustrant qu’on était super fiers de l’affiche de Marsatac 2020. Ce qu’on sous-estime aussi, c’est l’énergie que le festival nous donne pour repartir sur un nouveau cycle de production. On en a besoin. C’est un peu comme si on rechargeait les batteries. Pour la première fois, on n’aura pas ce choc-là.
On a voulu rester en lien avec la communauté et l’ensemble des publics de Marsatac : les spectateurs, les festivaliers, les partenaires… Toutes les parties prenantes du festival. On a donc communiqué entre mars et mai pour les distraire ou leur montrer les coulisses du festival. Déjà à ce moment-là, on se demandait comment on allait pouvoir exister sur les dates initiales. Pendant le confinement, on a vu fleurir tout un tas d’expériences sur la toile : beaucoup de concerts en streaming, des choses super chouettes et pleines d’émotions. Ensuite, il y a eu une espèce d’accumulation, ça a continué de nourrir nos réflexions jusqu’au déconfinement. On s’est dit que c’était un peu maigre de proposer du contenu qui se regarde encore à travers un écran alors que les 25 et 26 juin, on aura qu’une envie : être dehors.
L’idée est de faire un petit arrêt sur images et de regarder dans le rétroviseur pour voir qu’est-ce que Marsatac a représenté pendant 21 ans sur le territoire de Marseille, en termes artistiques notamment. Aussi, quels ont été les éléments qui ont forgé cette identité qui positionne Marsatac de façon aussi originale sur le territoire français, voire au-delà. On a commencé à réécouter toutes nos archives sonores, à se replonger dans les programmations etc. De tout ça, va sortir l’émission radio Marsatac Auto-Reverse : il s’agira d’une revue sonore de Marsatac sous l’angle de sa ligne artistique, truffée d’archives sonores de concerts, des interviews d’acteurs forts du festival sur cette période de 21 ans. Artistes, directeurs artistiques, journalistes, festivaliers… Un ensemble de paroles qui sont des témoins de ce qu’est le festival. Ça va être super chouette !
On va la diffuser en direct sur Radio Grenouille à Marseille. Elle sera aussi disponible sur le player du site officiel de Marsatac pendant une longue période. Les gens pourront soit l’écouter chapitre par chapitre, soit comme un podcast complet… Ça se consommera sans modération !
On ne sait pas encore comment les choses se dérouleront. 2021 est une année que beaucoup de personnes de notre secteur redoutent parce que ça va quand même être une année assez compliquée. On va dire qu’au titre de Marsatac, ce qui nous motivera, ce sera de rester toujours innovants, toujours créatifs, toujours être force de proposition vis-à-vis du public pour continuer à l’emmener en voyage, à la fois par les lieux, les artistes qui sont programmés et les expériences qui seront proposées. Pour continuer à être ce que sont les festivals et ce qu’est Marsatac : de vraies fabriques de souvenirs et de magie.
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