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On évoque trop peu la soul music en France. Même si quelques artistes comme Ben l’Oncle Soul ont tout de même réussi à faire parler d’eux, cette scène reste largement sous représentée. Voilà pourquoi Riffx vous fait découvrir le second album de Sly Johnson. Cet ancien membre du Saïan Supa Crew a fait ses armes dans le beat boxing. Peu à peu, il délaisse cette discipline pour plonger dans l’univers de la soul. « The Mic Buddah » est une porte d’entrée pour découvrir la modernité de cette musique black américaine. Le Parisien, habitué aux collaborations prouve son ouverture d’esprit en collaborant avec Oxmo Puccino ou Erik Truffaz. L’occasion de revenir sur sa riche carrière et de plonger dans l’histoire de cette musique.
« The Mic Buddah » est-il un album de soul man ?
Cet album est l’album d’un artiste qui aime autant la soul que le hip-hop. Quand je parle de soul dans cet album je parle de ma voix : c’est le chemin que j’ai choisi d’emprunter il y a six ans. C’est avec la soul que je pouvais être le plus proche de ce que je suis. Le rap, je suis tombé dedans par hasard, grâce au beatbox. Je ne me suis jamais vraiment senti rappeur, à l’instar des autres membres du Saïan Supa Crew qui, eux, sont de vrais rappeurs. J’avais envie de raconter d’autres choses que les revendications du rap traditionnel. J’avais simplement envie d’un ailleurs. C’est pourquoi je faisais de plus en plus de couplets chantés avec le groupe. Puis cela s’est accentué avec mes collaborations avec Erik Truffaz (trompettiste de jazz) et Kery James. Ça été le déclic pour me lancer vraiment dans le chant. Donc la soul.
Vos premiers émois musicaux viennent donc de la soul ?
Non, c’est venu très tard. Mon père était fan de jazz instrumental, de Billie Holiday et de Sarah Vaughan. Il écoutait aussi beaucoup de salsa et de son (l’ancêtre de la salsa). C’est vers 30 ans que je me suis plongé dans la soul et le funk, les origines du hip-hop. J’ai effectué le chemin inverse ! Ce qui me touche dans la soul, c’est qu’on ne peut pas se dissimuler derrière la voix comme je le faisais souvent avec le beat box. J’étais dans la performance et je commençais à me répéter souvent.
Cet album n’est pourtant pas un album de soul classique : on y retrouve de l’électro, des bases hip-hop aussi…
Oui, c’est de la soul moderne. Cette fusion entre soul et hip-hop je l’appelle « hip-soul ». Je prends la voix de la soul et le grain très particulier du rap avec des rythmes très lourds.
Existe-t-il une culture soul en France ?
Oui mais elle est très timide. Il existe beaucoup de musiciens soul mais chacun travaille dans son coin. Il manque clairement une unité comme il y en avait au début du rap. On peut parler de communauté rap mais pas dans la soul, malheureusement.
C’est ce qui explique que vos textes soient tous en anglais ?
Non. C’est le morceau qui me donne l’ordre de chanter en français ou en anglais. J’ai essayé de transformer des textes de l’anglais vers le français ou l’inverse mais ça ne fonctionnait pas. Mais c’est vrai que nous n’avons pas eu de grand chanteur français de soul, excepté peut-être Native dans les années 1990. Il n’y a pas non plus de relais dans les médias mais c’est d’abord à nous, les artistes, de créer une vraie scène, concrète et cohérente. Ce qui m’énerve c’est que la scène existe ici et n’a rien à envier à ce qui se passe outre-Atlantique.
Et une « french touch » existe-elle dans le monde de la musique soul ?
Oui, car par exemple moi j’ai des origines africaines, d’autres viennent du nord et du sud de l’Europe. Nous sommes plus divers que les Américains, les inventeurs de la soul avec Marvin Gaye et Otis Redding. Nous avons plus de mélanges à offrir.
Propos recueillis par Willy Richert
Découvrez la session exclusive filmée durant le festival Mama au Centre musical FGO-Barbara.
Sly Johnson – Everybody Dancin’
Crédit Photo : © Anton Coene
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